TURQUIE – ISTANBUL – Aujourd’hui, lors de leur 1077e veillée sur la place Galatasaray, les mères du Samedi ont demandé justice pour Nazım Gülmez, un civil kurde kidnappé par l’armée turque à Dersim en 1994.
Dans leur communiqué de presse lu par Ümit Tekay Dişli, les mères du samedi ont déclaré que l’État est responsable de la vie et de la sécurité des personnes mises en détention et ajouté : « Nazım Gülmez, âgé de 61 ans et père de neuf enfants, vivait dans le village de Taşıtlı, dans le district de Xozat, à Dersim. Agriculteur et éleveur, Nazım Gülmez était apprécié et respecté dans sa communauté. »
Affaire de disparition de Nazim Gulmez
Nazım Gülmez , âgé de 61 ans , vivait dans le village de Taşıtlı, dans le district de Hozatlı, à Dersim. Le 14 octobre 1994, à 9 h 30, il fut emmené de chez lui par des soldats de la Brigade commando Bolu pour servir de guide lors d’une opération. Son enlèvement eut lieu en présence du chef du village et de tous les villageois.
C’était la dernière fois que sa famille le voyait. Ses enfants, qui ont contacté toutes les institutions officielles, y compris les commissariats de gendarmerie, le parquet et la préfecture, se sont entendu dire : « Les militaires l’ont emmené au centre-ville et l’ont abandonné. » Sa famille a protesté : « S’ils l’avaient laissé là, il serait rentré à la maison. »
Après onze années d’efforts infructueux, la famille Gülmez a saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) par l’intermédiaire de ses avocats. La CEDH a accepté la requête et la procédure est en cours.
Lorsque Nazim Gülmez a porté disparu après son arrestation, Süleyman Demirel était président, Tansu Çiller Première ministre, Nahit Menteşe ministre de l’Intérieur, Mehmet Gölhan ministre de la Défense, İsmail Hakkı Karadayı chef d’état-major et Ünal Erkan gouverneur des régions kurdes sout l’état d’urgence.
Depuis plus de 30 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reprochent à l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.