IRAN / ROJHILAT – Au cours de neuf derniers mois, le régime iranien a arrêté 38 écoliers mineurs, dont 20 kurdes et 13 baloutches. Le régime iranien ne se contente pas de les priver d’une éducation en langue maternelle, il fait peser également une menace pour leur vie et leur droit à l’éducation, signale l’ONG de défense des droits humains Hengaw.
À l’occasion de la rentrée universitaire iranienne, l’ONG Hengaw a publié un rapport détaillé sur les arrestations d’étudiants et d’enfants de moins de 18 ans depuis janvier 2025. La majorité des détenus sont des étudiants kurdes et baloutches, des enfants qui se voient depuis longtemps systématiquement privés du droit d’étudier dans leur langue maternelle. Aujourd’hui, les arrestations massives perpétrées par les forces de sécurité de la République islamique d’Iran menacent leur vie et leur avenir dès la petite enfance et l’adolescence.
Le Centre de statistiques et de documentation de Hengaw a recensé l’arrestation d’au moins 38 étudiants de moins de 18 ans par les forces de sécurité dans plusieurs villes iraniennes au cours des neuf premiers mois de 2025. Parmi eux, 20 étaient des étudiants kurdes, soit près de 52 % du total. Treize étaient des enfants et adolescents baloutches (34,5 %), quatre étaient des étudiants lor (10,5 %) et un était un étudiant arabe (2,5 %).
Répression systématique s’étendant à l’éducation
Ces résultats montrent que la politique iranienne de répression systématique contre les minorités nationales et ethniques s’étend au-delà des sphères sociales et politiques et touche également le secteur de l’éducation, menaçant directement l’avenir scolaire de dizaines d’adolescents. Près d’un tiers des élèves détenus – tous âgés de moins de 18 ans – ont été arrêtés ces derniers jours, à l’occasion du troisième anniversaire du mouvement « Femme, Vie, Liberté » et de la rentrée scolaire. Malgré les efforts répétés des familles pour obtenir des informations, les autorités sécuritaires et judiciaires n’ont fourni aucune mise à jour transparente sur leur situation.
Déni du droit à l’éducation
La détention d’étudiants s’inscrit dans une politique organisée visant à restreindre l’accès à l’éducation. Cette politique pousse de nombreux enfants et adolescents à abandonner l’école ou à travailler. Elle compromet leurs perspectives éducatives et sociales, en particulier parmi les minorités ethniques et nationales. Les arrestations massives en début d’année scolaire, conjuguées au refus persistant d’un enseignement en langue maternelle, limitent considérablement les possibilités de poursuivre des études.
La privatisation et la commercialisation de l’éducation, conjuguées à l’aggravation de la pauvreté, ont encore davantage compromis le droit des élèves à l’éducation. Les détentions et les intimidations ont aggravé ces obstacles.
La pression sur les étudiants et les enseignants s’est accrue depuis « Femme, Vie, Liberté »
Depuis le lancement du mouvement « Femme, Vie, Liberté » (Jin, Jiyan, Azadi), les étudiants subissent une pression croissante pour avoir exprimé leurs revendications dans les écoles et dans la rue. Les forces de sécurité les ont convoqués et arrêtés à plusieurs reprises. Parallèlement, la répression contre les enseignants et leurs associations professionnelles s’est intensifiée, souvent en représailles à leur soutien au droit des étudiants à manifester, à la défense de l’enseignement dans leur langue maternelle et à l’amélioration de la qualité de l’éducation.
Ces mesures reflètent des politiques délibérées visant à faire taire les critiques à l’encontre du système éducatif et à réprimer l’organisation professionnelle dans le secteur.
Appel international à une action urgente
Hengaw condamne cette vaste vague de répression et appelle à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les étudiants détenus. L’organisation exhorte les Nations Unies, l’UNICEF et Amnesty International à prendre des mesures rapides et efficaces pour mettre fin à ces politiques répressives et garantir le droit fondamental à l’éducation des enfants en Iran.