TURQUIE / KURDISTAN – Une prisonnière politique kurde aurait été victime de menaces de la part de soldats turcs lors de son hospitalisation à Diyarbakir (Amed). La victime a porté plainte tandis que ses avocats décrivent ces menaces comme un risque grave pour sa sécurité.
La prisonnière politique Semra Akgül, incarcérée à la prison pour femmes de Diyarbakır (Amed), aurait reçu des menaces de mort de la part de soldats lors de son hospitalisation. L’incident s’est produit le 11 juillet à l’hôpital de Gazi Yaşargil, où elle était soignée après une angiographie.
Alors qu’Akgül était en salle de réveil, deux soldats qui la surveillaient auraient dit : « Débarrassons-nous d’elle ce soir. » Selon le personnel de l’hôpital, ils auraient également dit aux gardiens de la prison : « Ouvrez les portes [de la prison], nous nous débarrasserons de tous les terroristes ce soir. »
Selon le personnel de l’hôpital, l’administration pénitentiaire a ensuite informé le parquet. Les soldats impliqués ont été interrogés et ont déclaré qu’il s’agissait d’une « plaisanterie ». Semra Akgül a porté plainte pour comportement menaçant.
Préoccupations et réactions en matière de sécurité
Suite à cet incident, plusieurs détenus ont adressé des pétitions écrites aux autorités pénitentiaires, indiquant qu’ils refuseraient tout transfert futur vers l’hôpital par crainte pour leur sécurité. La Commission des droits de l’homme du Parlement turc a également été informée de l’affaire. La section d’Amed de l’association Avocats pour la liberté (ÖHD) a également annoncé son soutien juridique. « Une telle menace de la part des forces de sécurité de l’État n’est pas un incident isolé, mais s’inscrit dans un climat inquiétant de traitement des prisonniers politiques », a déclaré l’organisation lundi.
Un homme politique local condamné pour « terrorisme »
Semra Akgül est en prison depuis fin 2017. En septembre 2022, l’ancienne coprésidente de la section du district de Piran (Dicle) du Parti démocratique des peuples (HDP) a été condamnée à deux peines de prison à perpétuité aggravées par un tribunal turc d’Amed. Elle était accusée d’être impliquée dans un attentat à la bombe présumé ayant tué un policier en juin 2016. Akgül nie les accusations. Son mari et père de ses enfants, Veysel Akgül, a également été condamné lors du même procès à trois peines de prison à perpétuité et à 58 ans de prison supplémentaires. (ANF)