PARIS – Le 8 juillet dernier, la Cour d’appel de Paris a ordonné que la ressortissante française Sonia Mejri soit rejugée pour des actes génocidaires commis en 2015 contre une fille yazidie (en kurde: Êzdî) réduite en esclavage par Mejri et son mari de l’époque qui était un émir du groupe terroriste État islamique. Mejri est accusée de « participation à une association de malfaiteurs terroriste » et « crimes contre l’humanité » englobant « réduction en esclavage », « emprisonnement », « torture », « persécution » et « autres actes inhumains ». L’ONG humanitaire yézidie Free Yezidi Foundation – qui s’est constituée partie civile dans cette affaire – salue une avancée majeure dans la quête de justice pour les crimes commis par l’EI contre la communauté yézidie dans le communiqué suivant publié aujourd’hui.
« Le 8 juillet 2025, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a décidé que la ressortissante française Sonia Mejri sera jugée devant la cour d’assises spécialement composée pour son implication présumée dans des crimes commis contre la communauté yézidie, notamment le crime de génocide.
Mme Sonia Mejri est accusée d’avoir rejoint l’État islamique et d’avoir participé à ses opérations en Syrie, où des membres de la minorité yézidie ont été victimes de persécutions systématiques, d’enlèvements, d’esclavage sexuel et de meurtres. Elle est toujours en détention provisoire.
Bien que l’accusation de crimes contre l’humanité n’ait pas été examinée par la Chambre d’instruction, la question du génocide a été au cœur d’un long débat juridique. L’accusation de génocide avait initialement été rejetée, mais, à la suite d’un arrêt de la Cour de cassation française, la Chambre d’instruction a réexaminé l’affaire et a finalement jugé que les preuves étaient suffisantes pour justifier un procès sur cette base.
La Free Yezidi Foundation, constituée partie civile dans cette affaire et représentée par Inès Davau, avocate au barreau de Paris, salue cette avancée, la considérant comme une étape cruciale dans la mise en cause des responsabilités des membres de Daech et la reconnaissance des souffrances spécifiques et ciblées endurées par la communauté yézidie. Il s’agit de la première affaire en France impliquant une femme membre de Daech poursuivie pour génocide commis contre les Yézidis.
« Cette décision est un message fort », a déclaré Pari Ibrahim, directrice générale de FYF. « Elle reconnaît l’ampleur et la nature des crimes commis et témoigne de la volonté croissante des tribunaux nationaux de rendre justice pour les crimes internationaux, y compris le génocide. FYF s’est constituée partie civile dans cette affaire afin de garantir que les chefs d’accusation appropriés soient retenus et que les tribunaux ne privilégient pas la facilité, en se concentrant sur des accusations de terrorisme ou d’autres chefs d’accusation autres que le génocide. »
FYF reste déterminé à soutenir les survivants et à rechercher la responsabilité dans toutes les juridictions où justice peut être demandée. »