TURQUIE – ISTANBUL – Aujourd’hui, lors de leur 1051e veillée sur la place Galatasaray, les mères du Samedi ont demandé justice pour les milliers de personnes portées disparues après avoir été arrêtées par les paramilitaires ou forces armées turques.
S’exprimant au noms des familles des personnes disparues en détention, Maside Ocak a souligné que le crime des disparitions forcées ne peut être prescrit.
Les Mères/Peuples du Samedi, qui se rassemblent chaque semaine sur la place Galatasaray pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus ou assassinés en détention et pour exiger la poursuite des auteurs, mènent leur 1051e action. Le coprésident du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), Tuncer Bakırhan, a également assisté à la manifestation des mères du samedi cette semaine, qui s’est tenue sur la place Galatasaray avec des œillets et des photos de leurs proches disparus pendant leur détention.
Bakırhan : La confrontation doit être obtenue pour la paix sociale
Le coprésident du parti DEM, Tuncer Bakırhan, a déclaré que les demandes des proches des disparus doivent être satisfaites afin de garantir la paix sociale. Bakırhan a déclaré : « Ce problème est la plaie du pays. Les revendications des proches des disparus sont aussi les nôtres. Nous avons toujours été solidaires et avons lutté ensemble pendant des années. Nous continuerons à lutter aux côtés des Mères du Samedi jusqu’à ce qu’une véritable confrontation ait lieu sur cette question et que la vérité soit révélée. »
Soulignant que les revendications des Mères du Samedi sont l’un des éléments indispensables à la paix sociale, Bakırhan a ajouté : « Pour instaurer la paix sociale, la Turquie doit s’y attaquer. Elle doit ouvrir ces sombres archives et révéler la vérité au public. Chercher ses enfants, réclamer une pierre tombale, y inscrire son nom ou prier ne doit pas être perçu comme une épreuve. L’appel à une société démocratique est également une référence. Il s’agit de mettre fin aux disparitions, d’empêcher que des meurtres non élucidés ne se reproduisent et que des incidents similaires ne se reproduisent sur ces terres. Si nous parvenons à faire aboutir ce processus, nous sommes convaincus que nous pourrons également répondre aux légitimes revendications de nos mères. Nous lutterons non seulement au Parlement, mais aussi dans la rue et partout dans le monde, avec tous nos amis, pour que la vérité soit révélée et confrontée. »
Buldan : La paix restera inachevée si les disparus ne sont pas retrouvés
Pervin Buldan, membre de la délégation d’İmralı, a commémoré Sırrı Süreyya Önder et tous ceux qui ont perdu la vie. Pervin Buldan, qui a déclaré se battre pour la justice sur cette place depuis des années, a ajouté : « C’est un combat mené depuis des années pour qu’il n’y ait plus de disparitions, plus d’exécutions extrajudiciaires et que les coupables soient jugés. Malheureusement, ceux qui gouvernent ce pays n’ont pas pris la peine de répondre à ces demandes, n’ont pas écouté les familles des disparus. Cependant, nous parlons maintenant d’une nouvelle ère, d’un nouveau processus, d’un processus de paix. Si une paix véritablement honorable est instaurée, il sera possible de retrouver ces disparus et de juger les coupables. Sinon, la paix restera inachevée. Nous aspirons tous à vivre pleinement la paix et à la ressentir dans nos cœurs. Chacun de nos proches a une demande. Ils veulent une pierre tombale. Il n’y a pas d’autre demande. Cela ne doit pas être perçu comme excessif, ces demandes doivent être satisfaites au plus vite afin que la paix puisse être instaurée. »
Depuis près de 30 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reprochent à l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.