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Abdullah Öcalan envoie un message aux femmes à l’occasion de la Journée du 8 mars

KURDISTAN – Le leader kurde Abdullah Öcalan, qui a lancé son « Appel à la paix et à une société démocratique » le 27 février, a envoyé un message aux femmes à l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars.

Suzan Akipa, l’une des avocates du cabinet Asrin, a lu le message d’Abdullah Öcalan lors du rassemblement organisé à Amed (Diyarbakır) dans le cadre des actions du 8 mars, Journée internationale des femmes.

Le leader kurde Abdullah Öcalan photographié dans la prison d’Imrali lors d’une visite de la délégation du DEM Parti en février 2025
Dans son message du 8 mars, le leader kurde emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 1999, Abdullah Öcalan, dit avoir développé une idéologie de libération des femmes articulée en quatre niveaux.

Il souligne que « les femmes ne doivent pas être considérées d’un point de vue biologique, mais d’un point de vue social, culturel et historique ». Selon lui, le socialisme ne peut exister sans la liberté des femmes.

Le 27 février, jour où il avait lancé un appel historique pour « la paix et la société démocratique », il avait également dicté un message à l’occasion du 8 mars.

Voici son message :

« La question de la liberté des femmes conserve toute son importance. Le processus démocratique communaliste est une actualisation de la socialité féminine originelle. La véritable réalité sociale ne peut être atteinte que par cette méthode. Tant que la culture du viol persiste, la vérité sociale demeure voilée, qu’il s’agisse de philosophie, de science, d’esthétique, d’éthique ou de religion.

Comme l’a démontré le marxisme, le socialisme ne pourra triompher qu’en abolissant la culture patriarcale profondément enracinée dans la société. La liberté des femmes est le chemin indispensable vers le socialisme. Sans elles, le socialisme est impossible. De même, il ne saurait exister sans démocratie.

Mon premier test pour un socialiste est simple : comment s’adresse-t-il à une femme ? Celui qui ne sait pas parler à une femme ne peut être socialiste. La qualité du socialisme d’un homme se mesure à la manière dont il traite les femmes.

Le sacré appartient aux femmes. La femme est l’univers lui-même, tandis que l’homme en est une déviation, une planète errante. C’est la femme qui, la première, a produit le langage pour parler à l’enfant. Elle a façonné la culture et donné naissance à la société. La sainteté et la divinité lui appartiennent.

J’ai élaboré une idéologie de libération des femmes en quatre étapes. La culture féminine primordiale, celle de l’ère de la déesse-mère, s’étend de 10 000 à 4 000 avant J.-C. Avec l’émergence des religions monothéistes à Babylone et l’épopée de la création, les femmes ont été progressivement asservies. Cette mythologie mésopotamienne marque le début du déclin de la culture féminine.

Entre 4 000 et 2 000 avant J.-C., cette culture commence à s’effacer. Après sa destruction, la figure de la « femme de palais » apparaît chez les Mittanis, incarnée par des personnages comme Néfertiti. Ce modèle évolue au fil des siècles pour devenir celui de la femme au foyer d’aujourd’hui.

Vous savez qu’il y a la culture et la tradition du Sati. Dans cette culture, les femmes sont jetées dans le feu et brûlées. La pratique la plus courante remonte à 1832. Les Britanniques ont mis fin à cette culture.

La renaissance est importante. Les femmes ne doivent plus être perçues à travers le prisme de la biologie, mais selon une perspective sociale, culturelle et historique. Comme l’a écrit Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. »

Je ne suis pas opposé au mariage ou à l’amour, mais nous devons reconnaître que des crimes atroces sont commis chaque jour au nom de l’amour. Peut-on tuer celle que l’on prétend aimer ? Ce n’est pas de l’amour. Trop de femmes se suicident, victimes de ces relations.

Il existe une culture des femmes libres. Aujourd’hui, vous vous en rapprochez, en essayant de dépasser peu à peu les rôles traditionnels de mère et d’épouse. Pourtant, vous ne jouissez encore que d’une infime part de cette liberté. Le combat essentiel reste la lutte contre la mentalité patriarcale. La structure sociale dominée par les hommes produit violence, exploitation, inceste et viol. Des jeunes filles risquent d’être tuées. Que ferez-vous si des enfants sont assassinés ? C’est ce que j’appelle la culture du « sati ». Vous devez combattre cette mentalité, contre cette culture.

La question des femmes est encore plus profonde que celle des Kurdes. Nous n’en sommes qu’aux prémices de cette lutte. La culture de la guerre et du conflit cible principalement les femmes. Rejeter cette culture est au cœur de notre combat.

L’esprit de notre époque est la politique démocratique, et son langage est celui de la paix. L’Appel pour la paix et la société démocratique représente également une renaissance pour les femmes.

Je salue celles qui croient en une vie commune et qui répondent à mon appel. Je célèbre avec vous le 8 mars, Journée internationale des femmes travailleuses.

Avec mes salutations et mon amour,
Abdullah Öcalan »