TURQUIE – Les autorités turques ont arrêté 34 personnes, dont des personnalités politiques, des journalistes et des militants, accusés d’appartenance à une organisation terroriste, à la suite d’une série de raids policiers ciblant des groupes socialistes et pro-kurdes.
Ces arrestations font suite à une opération antiterroriste lancée le 21 janvier par le parquet général d’Istanbul dans le cadre d’une enquête sur le Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP), considéré par la Turquie comme une organisation terroriste. Parmi les personnes arrêtées figurent Hatice Deniz Aktaş, coprésidente du Parti socialiste des opprimés (ESP), Berfin Polat, coprésidente de la Fédération des clubs de jeunesse socialistes (SGDF) et Züleyha Müldür, correspondante de l’agence de presse Etkin (ETHA).
Les autorités turques ont mené des raids simultanés dans 35 localités d’Istanbul et 13 autres à Ankara, Eskişehir, Yalova, Izmir et Diyarbakır, ciblant des membres de l’ESP, de la SGDF et du Conseil des femmes socialistes (SKM). La police a également effectué une descente dans la Fondation pour la recherche scientifique, éducative, esthétique, culturelle et artistique (BEKSAV) à Istanbul, saisissant du matériel audio dans un studio utilisé par Grup Vardiya, un collectif musical de gauche.
Sur les 41 personnes initialement arrêtées, 34 ont été arrêtées pour appartenance à une organisation terroriste, tandis que quatre ont été libérées sous contrôle judiciaire. L’enquête reste soumise à une ordonnance de non-publication, avec une restriction d’un jour des rencontres entre avocats et clients, selon le Bureau des avocats des opprimés (EHB), un groupe de défense juridique.
Ces arrestations ont suscité de vives critiques de la part des partis d’opposition et des organisations de défense des droits de l’homme, qui les considèrent comme faisant partie d’une répression plus large contre la dissidence. Le Parti pour l’égalité et la démocratie des peuples (DEM), pro-kurde, a condamné ces arrestations, les qualifiant d’attaque contre la politique démocratique et le droit de manifester.
« La répression et les détentions ne sont pas la solution ; elles ne font qu’aggraver les problèmes », a déclaré le parti DEM dans un communiqué. « Pour la paix sociale et un pays démocratique, le gouvernement doit abandonner ces politiques. »
L’ESP a également dénoncé les arrestations, accusant le gouvernement de tenter de réprimer les voix de l’opposition. « Votre pouvoir ne suffit pas à nous arrêter », a déclaré le parti, qui s’est engagé à poursuivre sa lutte politique.
Le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdoğan est depuis longtemps accusé d’utiliser les lois antiterroristes pour étouffer l’opposition. Des milliers de responsables politiques, d’activistes et de journalistes ont été arrêtés ces dernières années. (Turkish Minute)