SYRIE / ROJAVA – Hier, les journalistes kurdes Nazim Daştan et Cihan Bilgin ont été tués par une frappe de drone turc alors qu’ils couvraient les attaques turco-jihadistes ciblant le Rojava. Daştan et Bilgin ont rejoint la longue caravane de journalistes kurdes tués par la Turquie pour empêcher qu’on dévoile au monde les crimes des occupants commis au Kurdistan divisés entre 4 États colonialistes.
Le site d’information ANHA (Hawar news) a rendu hommage à Nazim Daştan dans l’article suivant:
Notre camarade Nazim portait en lui la devise « La vérité ne restera pas prisonnière de l’obscurité ». Dans une patrie divisée, où son peuple souffre de massacres, de marginalisation et de dispersion à travers le monde, il est devenu un guide pour la diffusion de ces vérités et en même temps une voix de lutte pour la liberté. Pendant dix ans, il a travaillé sans hésiter dans trois parties de la patrie.
Hier, jeudi 19 décembre, le correspondant d’ANHA Cîhan Bîlgîn et le journaliste Nazim Dashtan ont été tués alors qu’ils couvraient les attaques turques contre le barrage de Tishrin. A 15h20, sur la route reliant la ville de Serrin au barrage de Tichrine, ils ont été pris pour cible par un drone appartenant à l’Etat occupant turc.
Nos camarades ont consacré leur vie à transmettre la vérité et la vie libre. Ils sont devenus des exemples de pionniers des médias libres, travaillant dans les conditions les plus difficiles, sans jamais reculer.
Nazim
Notre camarade Nazim est né en 1992 dans le district de Gihadîn de la ville d’Agiri au Kurdistan du Nord. Il a grandi dans une famille patriote et, comme des milliers de jeunes kurdes, a été confronté très tôt aux dures réalités du Kurdistan et à la brutalité et à l’oppression des occupants.
Face à ces vérités, il a choisi la voie de la lutte et s’est tourné vers le journalisme car c’est l’une des voies les plus impactantes. Il est entré au Rojava lors des attaques des mercenaires de l’Etat islamique en 2014. Il a commencé à Afrin, puis à Kobani, où il a couvert la résistance historique et l’a partagée avec le monde.
En 2015, lorsque la résistance de l’administration autonome a commencé au Kurdistan du Nord, il s’est installé là-bas. Il a continué sa lutte médiatique dans la ville de Silopi à Şırnak, où il a exposé au monde la vérité sur l’État turc à travers ses écrits et sa caméra. Pour cette raison, l’État turc a émis un mandat d’arrêt contre lui. Malgré toutes les pressions, il n’a jamais abandonné son travail de journaliste et en 2016, il est retourné au Rojava depuis le Kurdistan du Nord.
Au cours de ses longues années de lutte journalistique, à Afrin, Kobané, Raqqa, Girê Spî, Shingal et au Sud-Kurdistan, il a mené son travail médiatique avec un grand dévouement. Le 8 décembre de cette année, lorsque l’État occupant turc et ses mercenaires ont attaqué le pont de Qereqozaqê et le barrage de Tishrin, il s’est rendu sur place.
Pendant 11 jours, il a révélé les atrocités commises par l’État turc et ses mercenaires à travers des reportages, des dossiers, des images et des séquences qu’il a préparés. C’est pour cette raison qu’il a été pris pour cible. Après avoir filmé avec notre camarade Cîhan Bîlgîn les effets des attaques turques sur le barrage de Tishrin, leur véhicule a été pris pour cible sur le chemin du retour.
Nazim Dashtan, à travers les reportages qu’il a préparés et les images et séquences qu’il a capturées, a révélé de nombreuses vérités au monde et est devenu une source d’inspiration pour des dizaines de journalistes. Avec sa personnalité humble et dévouée et sa confiance en soi, il est devenu une source de moral et de lutte pour ses collègues journalistes. Comme tous ceux qui marchent sur le chemin de la vérité et de la créativité, il a écrit une page d’or dans l’histoire des médias libres.