IRAK – Un projet de loi controversé en Irak, proposé par le Cadre de coordination, a suscité de nombreuses protestations et critiques, car il pourrait légaliser le mariage des enfants et aggraver les divisions sectaires.
Des organisations de défense des droits des femmes, des militants et des parlementaires ont vivement condamné un projet de loi controversé présenté par le Cadre de coordination, une coalition de partis islamistes chiites conservateurs. Le projet d’amendement à la loi sur le statut personnel de 1959, considérée comme l’une des plus progressistes d’Irak, a déclenché des protestations et de nombreuses critiques dans tout le pays. Les critiques craignent que ces changements n’ouvrent la voie à la légalisation du mariage des enfants.
En vertu de ces amendements, les couples devraient choisir entre les sectes sunnites et chiites pour régler leurs affaires conjugales, ce qui fait craindre que ce soient les religieux, plutôt que les tribunaux, qui finalisent les mariages. Les critiques affirment que cela pourrait légitimer les unions matrimoniales impliquant des filles dès l’âge de neuf ans, en vertu d’interprétations sectaires de la loi religieuse. Des experts juridiques et des militants des droits humains avertissent que de tels changements pourraient exacerber les inégalités entre les sexes et conduire à une augmentation de la violence.
Le projet de loi a également été critiqué pour son potentiel à aggraver les divisions sectaires en Irak en permettant que le divorce et d’autres questions familiales soient réglés selon les lois sectaires. Cela pourrait donner aux fondations chiites et sunnites une plus grande influence sur les questions de statut personnel.
Les réactions ont été nombreuses et des groupes de défense des droits des femmes et des militants sont descendus dans la rue pour protester. Le 28 juillet, des membres de l’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OWFI) et d’autres militants se sont rassemblés sur la place Tahrir à Bagdad, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non au mariage des mineures » et « L’ère de l’esclavage des femmes est révolue ». Yanar Mohammed, présidente de l’OWFI, a accusé le Conseil de coordination d’utiliser ces lois « archaïques » pour détourner l’attention de ses propres lacunes, notamment de la corruption endémique.
Le député kurde Aso Feridun a également exprimés a forte opposition aux amendements proposés, soulignant que les changements proposés permettraient de marier les filles dès qu’elles atteignent la puberté, ce qui, selon certaines interprétations sectaires, commence à l’âge de neuf ans. Feridun a averti que de tels changements constituaient une menace sérieuse pour la société, affirmant : « Les enfants mariés à cet âge ne peuvent pas comprendre les implications du mariage. » Il a ajouté que près de 100 députés s’opposaient au projet de loi et avaient fait des efforts pour l’empêcher d’arriver au parlement, bien que ces efforts aient jusqu’à présent échoué.
Malgré une opposition généralisée, le Cadre de coordination insiste sur le fait que les amendements sont constitutionnels et ne contredisent pas les principes de la charia ou de la démocratie. Il soutient que les changements proposés permettraient aux Irakiens de suivre leurs convictions religieuses dans leurs affaires personnelles, un droit qui, selon lui, est inscrit dans la constitution irakienne.
Alors que les manifestations se poursuivent et que l’opposition au Parlement s’accroît, l’avenir de ce projet de loi controversé reste incertain. Mais le débat intense qu’il a suscité met en lumière la lutte continue pour les droits des femmes dans le pays. (Medya News)