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TURQUIE. Acquittement d’une journaliste kurde poursuivie pour « insulte »

TURQUIE / KURDISTAN – Le 24 avril 2024, devant le 1er tribunal pénal de première instance de Hakkari, la journaliste kurde, Nimet Ölmez a été innocentée d’une accusation d’« insulte à un agent public » portée par un membre du parti politique au pouvoir en Turquie. Ölmez était jugée pour un post sur les réseaux sociaux concernant le viol d’une fillette de 11 ans à Hakkari.
 
Sa critique du président provincial du Parti de la justice et du développement, Zeydin Kaya, qui était avocat des accusés dans cette affaire, lui a valu d’être accusée d’« insulte à un agent public ».
 
En septembre 2023, Ölmez a commenté une émission télévisée de Halk TV dans laquelle il a été révélé que Kaya était l’avocat des accusés impliqués dans l’affaire très médiatisée de viol du fillette de 11 ans qui s’est suicidée suite au viol.
 
Trois accusés dans l’affaire de viol ont été initialement condamnés à 42 ans de prison en 2016 pour enlèvement et agression sur mineure, mais ont été libérés en appel. Quelques jours après leur libération, en février 2017, la victime de l’agression, Esra Yücel, s’est suicidée. L’affaire a suscité l’indignation du public face à la décision du tribunal de libérer les individus impliqués.
 
La publication d’Ölmez sur les réseaux sociaux, réalisée en réponse aux révélations de Halk TV, exprimait son choc et sa condamnation face à l’implication de Kaya avec les accusés dans l’affaire de viol.
 
Suite à son poste, Ölmez a été convoquée par le parquet général de Hakkari pour « insulte à un agent public ».
 
Ölmez a affirmé que son message était justifié dans le contexte de l’histoire controversée et relevait de la liberté d’expression et de la presse.
 
Women Press Freedom (WPF) a salué la décision du tribunal d’acquitter Ölmez, en déclarant qu’« elle n’est que l’un des nombreux journalistes en Turquie à faire face à une poursuite pour « insulte » pour avoir couvert ou commenté des informations impliquant des personnalités publiques. L’intention est de réduire au silence et de dissuader la presse de critiquer ou de commenter des questions critiques à l’égard de l’État, de ses institutions ou des agents publics. Nous félicitons le tribunal de Hakkari d’avoir abandonné cette fausse accusation contre Ölmez et espérons que cela encouragera les acquittements dans des affaires injustes similaires visant des journalistes. Les citoyens et les journalistes doivent avoir la liberté de s’exprimer sans menace d’intimidation légale ».