Hasan Ocak, un enseignant en attente de nomination et gérant d’un salon de thé, a été arrêté le 21 mars 1995, au milieu des troubles qui ont suivi le massacre de Gazi. Ses derniers mots à sa famille concernaient le fait qu’il n’avait pas besoin de préparer le dîner car il apporterait du poisson ce soir-là, mais il a ensuite disparu. Malgré les premiers démentis de sa détention par la police, les appels persistants de la famille Ocak auprès de diverses institutions gouvernementales et judiciaires ont conduit à des déclarations publiques de la part des autorités affirmant qu’Ocak n’était ni en détention ni recherché pour un quelconque crime. Cependant, les éléments de preuve et les témoignages suggèrent le contraire, indiquant qu’il a été vu au poste de police.
Après 58 jours de recherches, le corps d’Ocak a été découvert dans un cimetière des anonymes, montrant des signes évidents de graves tortures. Cette découverte a incité le ministre d’État chargé des droits de l’homme de l’époque à présenter des excuses, reconnaissant qu’Ocak avait été arrêté pour interrogatoire, torturé, tué et que son corps avait été déposé à Beykoz. Malgré cela, les efforts déployés par la famille Ocak pour mener une enquête approfondie et obtenir justice n’ont abouti à aucune réponse concluante. En 2004, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé inadéquate l’enquête sur la disparition et la mort d’Ocak, déclarant une violation contre la Turquie, mais la procédure judiciaire nationale reste au point mort. Au milieu d’une « culture d’impunité » qui s’intensifie, les Mères du samedi, y compris lors de leur 991e manifestation, continuent de réclamer justice pour Ocak, soulignant leur engagement indéfectible à rechercher la vérité et à rendre des comptes.
Depuis près de 29 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Mères du Samedi est un groupe de militants qui cherchent à connaître le sort de leurs proches disparus en garde à vue dans les années 1980 et 1990 et exigent des comptes pour ces disparitions.
En mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.