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ROJAVA. La Turquie construit un autre centre pour colons à Afrin

SYRIE / ROJAVA – Dans le canton kurde d’Afrin occupé par la Turquie depuis 2018, l’État turc, en coopération avec des organisations caritatives palestiniennes, a construit un nouveau centre pour y installer ses mercenaires. Le centre se trouve entre les villages de Keferum et Qurt Qulaq du district Şeran.

En six ans de présence à Afrin, la Turquie a chassé la majorité de la population d’Afrin qu’elle remplace par des colons arabes, palestiniens, turkmènes et d’autres familles de mercenaires venus de l’Asie centrale. Elle a également pillé le patrimoine de la région, détruit la nature, déraciné des centaines de milliers d’oliviers et des forêts, confisqué la plupart des maisons, oliveraies et les biens mobiliers et immobiliers appartenant aux Kurdes, en plus d’y avoir commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité: meurtres, torture, kidnappings, féminicides, viols…

Afrin : une invasion militaire et un changement démographique

Depuis que les groupes jihadistes et mercenaires soutenus par la Turquie ont envahi Afrin, ils se sont rendus responsables d’une série de crimes de toutes sortes : viols et meurtres de femmes, enlèvements de villageois contre rançon, usurpation de biens, expulsion forcée des habitants d’origine. habitants, le pillage du patrimoine culturel et archéologique, la construction illégale de bâtiments et d’infrastructures et la turquification de l’éducation. Ce dernier point, ajouté à la liste ci-dessus, forme un plan systématique dénoncé par l’AANES comme la mise en œuvre d’un profond changement démographique à Afrin.

On estime qu’au moins 300 000 personnes ont été déplacées de force au cours des deux mois de bombardements et d’occupation illégale de la région qui ont suivi. Face à cette situation, l’AANES a mis en place des camps de réfugiés pour accueillir les contingents de personnes en fuite.

En août 2018, l’agence de presse Firat News a publié un rapport détaillé sur la situation à Afrin, où ont trouvé refuge quelque 500 000 personnes déplacées de toute la Syrie pendant près de sept ans de guerre civile. L’enquête, intitulée « Annihilation culturelle et changement démographique à Afrin », a confirmé qu’« une tragédie aux proportions dantesques se déroule dans cette région, riche en agriculture et en eau douce, devant le silence du monde ».

« La torture, le meurtre, le viol, la destruction du patrimoine culturel et l’anéantissement de villages font partie des stratégies des occupants turcs et de leurs alliés terroristes », indique le rapport. Il précise également que le changement démographique dans la région est l’un des principaux objectifs des occupants. « Au lieu de la population qui a dû fuir Afrin, ce sont des miliciens de l’ASL (Armée syrienne libre, alliée d’Ankara) et leurs familles de la Ghouta orientale qui se sont installés dans la région grâce à un accord avec la Russie. Il y a environ 41 000 personnes qui font partie de cet accord et ont été installées à Afrin, même si le processus n’est pas encore terminé ».

Quatre ans après le début de l’occupation illégale d’Afrin, l’Organisation des droits de l’homme d’Afrin (ODHA) a révélé que la population kurde du canton a diminué de 95 pour cent à 15-25 pour cent depuis le début de l’invasion. C’est le résultat d’une « politique systématique de nettoyage ethnique et de changement démographique », ont-ils dénoncé.

D’autres chiffres de l’ODHA montrent ce que signifie l’invasion turque d’Afrin : en 2022, un total de 676 civils avaient été tués et plus de 700 blessés par les bombardements de mercenaires et la torture. Parmi ces derniers figurent 303 enfants et 210 femmes. L’ODHA a également enregistré une augmentation systématique des féminicides : 84 femmes ont été tuées par les mercenaires, dont six sont mortes après avoir été violées.

L’un des gros business des occupants est le kidnapping : depuis le 20 janvier 2018, date du début des bombardements turcs, 8 328 personnes ont été kidnappées. Selon l’ODHA, on ignore où se trouvent 35 % des personnes kidnappées. Au cours de ces quatre années, 1 000 femmes ont été enlevées par les forces d’occupation. Concernant le changement démographique, l’ODHA a noté que depuis l’invasion turque jusqu’à l’année dernière, entre 400 000 et 500 000 personnes ont été transférées d’autres pays pour s’installer à Afrin.

L’occupation d’Afrin par la Turquie n’est pas unique. Au Rojava, les forces mercenaires soutenues par Ankara contrôlent également les régions d’Al Bab, Gire Spî et Serêkaniye, qui ont toutes été prises à leurs peuples d’origine et gouvernées par l’AANES.