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TURQUIE. Une petite-fille de Cheikh Saïd persécutée par la justice turque et menacée sur les réseaux sociaux

TURQUIE / KURDISTAN – Ruşen Fırat, petite-fille de Cheikh Saïd qui a mené une rébellion en 1925 contre l’État turc nouvellement fondé, est poursuivie par la justice turque pour ses publications partagées sur les réseaux sociaux il y a plus de 10 ans. Par ailleurs, elle est menacée et harcelée par les fascistes turcs.

Ruşen Fırat a été condamnée à partager le drapeau turc sur tous ses comptes de réseaux sociaux pendant 30 jours, à cause de ses publications sur Facebook. Elle a déclaré à l’agence Mezopotamya que « cette punition ne peut être envisagée indépendamment du fait que je suis la petite-fille de Cheikh Saïd et kurde ».

Fırat, accusée de « propagande en faveur d’une organisation terroriste [PKK] », a ensuite été déférée au juge pénal de paix de Hınıs avec une demande d’arrestation. Fırat a été libérée sous contrôle judiciaire avec l’obligation de partager chaque jour le drapeau turc sur tous ses comptes virtuels pendant un mois.

Le tribunal a déclaré :

« Pendant la période de contrôle judiciaire, le suspect est tenu de partager quotidiennement le drapeau turc sur ses comptes de réseaux sociaux. Tout manquement entraînera un réexamen du processus de détention pour violation des conditions du contrôle judiciaire. »

Suite à la décision du tribunal, Fırat a commencé à partager des images du drapeau turc sur ses plateformes de réseaux sociaux. Cependant, certains prétendent que le tribunal a dénaturé la déclaration de Fırat contenue dans le dossier judiciaire. Le terme « drapeau du Kurdistan » dans la déclaration de Fırat était marqué comme « (soi-disant) drapeau du Kurdistan » dans les archives. En outre, le juge aurait demandé à Fırat si elle avait déjà partagé la photo d’un drapeau turc.

La sœur de Fırat, Halime Fırat, a déclaré que la police les avait contactés pour les informer de la décision du tribunal. Selon la décision du juge, elles sont tenues d’afficher le drapeau turc sur leurs comptes de réseaux sociaux pendant 30 jours et de se rendre au poste de police trois fois par semaine pour apporter leur signature.

En réponse à la situation, Fırat a déclaré : « La police nous appelle depuis hier soir, nous avertissant que si la décision n’est pas appliquée, ma soeur sera de nouveau arrêtée. La sœur a ajouté : « Le matin du 26 décembre, suite à une descente dans notre maison à 6 heures du matin, mon soeur Ruşen Fırat a été arbitrairement arrêtée ».

L’avocat de Rusen Firat, Ensar Fırat a déclaré à Bianet que « Utiliser le partage du drapeau turc comme mesure de précaution ou comme motif de punition n’élève pas le drapeau ; au contraire, le considérer comme une punition envers ses propres citoyens est la plus grande insulte au drapeau. »

Plainte pénale contre le juge

Le barreau de Diyarbakır a déposé une plainte pénale contre le juge Murat Şakru, qui a approuvé la décision.

Cet incident a été qualifié de scandale par l’avocat de la famille de Fırat, Ensar Fırat, qui a déclaré son intention de porter plainte contre le juge auprès du Conseil des juges et des procureurs (HSK). Dans les prochains jours, la famille prévoit de publier une déclaration détaillée concernant l’incident. Mehdi Özdemir, vice-président du barreau de Diyarbakır, a également annoncé son intention de déposer une plainte pénale en réponse à cette sanction sans précédent.

Parmi les messages de Fırat, l’un présente le drapeau du gouvernement régional du Kurdistan (IKBY) et un autre, pris lors du congrès du HDP de 2016 à Ankara, affiche une  photo du chef du PKK, Abdullah Öcalan.

Suite à la couverture médiatique, le barreau de Diyarbakır a porté l’affaire devant le Conseil des juges et des procureurs (HSK) et a déposé une plainte pénale contre le juge Murat Şakru.