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« Jin, Jiyan, Azadi » et le « feminist washing » à l’occidentale

La 18e Conférence internationale sur l’UE, la Turquie et les Kurdes de la Commission civique de l’UE et de la Turquie (EUTCC) s’est tenue les 6 et 7 décembre 2023 au Parlement européen.

La table-ronde de cet après midi intitulé « Vivre la liberté – Perspectives des femmes » accueillait les universitaires Dastan Jasim et Soheila Shahriari, Elif Kaya du centre de Jineologie de Bruxelles, la députée germano-kurde Özlem Alev Demirel tandis que l’universitaire Shilan Fouad assurait la modération.

Lors de son intervention, Dastan Jasim a déclaré que « Les États de l’UE et l’OTAN s’approprient certains aspects de la lutte des femmes kurdes dans une forme de « feminist washing », où ils utilisent les principes de « Jin, Jiyan, Azadi » [slogan féministe kurde signifiant « femme, vie, liberté »] pour leurs propres intérêts géostratégiques et leur hégémonie. Mais ils ne s’opposeront pas à la Turquie. La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a adopté « Jin, Jiyan, Azadi » pour les femmes en Afghanistan, mais l’Allemagne ne reconnaît pas que cette philosophie dérive du Kurdistan et de la résistance des Kurdes ».

De son côté, la modératrice de la table ronde, Shilan Fouad a déclaré que « La dynamique des femmes kurdes qui résistent pour la liberté a un riche héritage dans les quatre parties du Grand Kurdistan. De Layla Qasim à Leyla Zana, nous pouvons voir les graines plantées qui ont germé en « Jin, Jiyan, Azadi ».

Soheila Shahriari, universitaire iranienne basée à Paris a déclaré qu’il était très important d’utiliser le nom « Jina Amini, et non Mahsa Amini qui lui a a été imposé par le régime iranien qui a interdit son nom kurde « Jina ». Ce ne sont pas seulement des noms mais symbolisent des idées ».

« Les femmes du Rojava ont créé l’une des sociétés les plus radicalement progressistes de la planète »

Concernant la révolution féministe du Rojava, Shahriari a affirmé que « Les femmes du Rojava ont survécu à l’embargo, aux invasions et à la lutte contre l’État islamique pour créer l’une des « sociétés les plus radicalement progressistes de la planète ». Le confédéralisme démocratique leur donne leur fondement philosophique. Le mouvement féministe kurde propose un changement et une transformation radicale de la société, et non de simples réformes. La Révolution au Rojava pourrait être considérée comme le premier véritable soulèvement des femmes au Moyen-Orient. »

La députée germano-kurde, Özlem Alev Demirel a attiré l’attention sur le colonialisme turque au Kurdistan et déclaré que « Toute politique étrangère féministe qui ne prône pas des cessez-le-feu à Gaza ou en Turquie n’est pas légitime. Les États occidentaux doivent reconnaître les droits des Palestiniens et des Kurdes.

Si les femmes veulent gagner l’égalité et la paix, alors nous devons lutter pour leurs droits. Mais la liberté des femmes est également liée à l’autodétermination des personnes (femmes et hommes) [vivant sous l’occupation]. »

« Jin, Jiyan, Azadi » a commencé dans une langue interdite »

Elif Kaya du Centre de Jineoloji de Brxuelles a déclaré que « Le slogan de « Jin, Jiyan, Azadi » a commencé dans une langue interdite, le kurde. Mais ce que dit « femme, vie, liberté » est qu’une société dans laquelle les femmes ne sont pas libres ne peut pas être considérée comme libre. Des femmes kurdes comme Hevin Khalaf et Nagihan Akarsel ont été assassinées par la Turquie sur les mêmes bases que celles qui ont assassiné Jina Amini en Iran. Mais le slogan « Jin, Jiyan, Azadi » définit chacune d’elles.

En 1999, lorsqu’Abdullah Öcalan fut capturé, il annonça que la libération des femmes était son « projet inachevé ». Cette lutte pour la liberté des femmes sous le slogan « Jin, Jiyan, Azadi » se poursuit toujours sur la base de ses idées. »