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TURQUIE. Une enseignante kurde menacée à cause des noms en kurde des villes

TURQUIE / KURDISTAN – Mizgin Yalçın est une enseignante de la langue kurde. Elle subit actuellement un lynchage médiatique sur les réseaux sociaux par les fachos turcs. Son crime? Dans une vidéo d’elle, on la voit apprendre à ses élèves les noms kurdes des villes…

Mizgin Yalçın, enseignante dans un collège du village de Malabadi, dans la province de Diyarbakir (Amed), à majorité kurde, distribue également son contenu éducatif sur son compte YouTube « Kurdi Online », compte de nombreux étudiants qui suivent des cours en ligne aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Azerbaïdjan et en Turquie. Yalçın a également reçu le prix « Meilleur formateur Youtuber » en 2021 pour ce travail sur les médias en ligne.

Récemment, sa vidéo expliquant les noms de villes en kurde a été partagée sans autorisation et utilisée pour la cibler sur les réseaux sociaux. Une utilisatrice nommée Ceren Tunç a posté la vidéo à côté d’une photo du compte Instagram de Yalçın avec une légende remettant en question la nécessité d’enseigner les noms de villes en kurde, affirmant que la langue officielle de la Turquie est le turc.

Certains utilisateurs ayant répondu à ce message ont aggravé la situation en taguant le ministère turc de l’Éducation et la Direction générale de la sécurité, appelant à poursuivre Yalçın.

Cet incident a déclenché une conversation sur le statut de la langue kurde en Turquie. Le kurde est un cours facultatif depuis 2012, mais le manque d’enseignants désignés rend souvent cette option irréalisable. Malgré les droits techniquement accordés à l’enseignement de la langue kurde, ils sont en grande partie non mis en œuvre et le matériel pédagogique est en attente du ministère de l’Éducation.

Dans les zones à forte population kurde, les cours au choix en kurde, lorsqu’ils sont disponibles, sont souvent ciblés de manière discriminatoire. À cela s’ajoute l’effet d’ombre de la rhétorique nationaliste du gouvernement turc, qui dissimule un programme déjà limité en matière de droits et empêche une large prise de conscience de ces droits au sein de la population.