TURQUIE – Le photojournaliste de l’AFP de renommée mondiale, Bülent Kılıç, sera jugé pour avoir exercé le métier de journalisme lors de la marche des fiertés à Istanbul en 2021, malgré des preuves de brutalités policières capturées par les caméras. Le journaliste kurde est accusé de « résistance à un agent public dans l’exercice de ses fonctions » et « d’insulte ouverte à un agent public dans l’exercice de ses fonctions »…
L’audience dans l’affaire dans laquelle le photojournaliste de l’AFP Bülent Kılıç est accusé d’infractions contre des policiers alors qu’il a été prouvé dans un autre procès que des violences policières ont été commises contre lui lors de l’événement, aura lieu à Istanbul demain (26 octobre).
Kılıç est un journaliste expérimenté qui a travaillé dans diverses régions du monde, de l’Ukraine à l’Afghanistan, de Syrie (notamment pendant la bataille de Kobanê, au Rojava) à la Grèce, du Haut-Karabagh à la Malaisie. Il est photojournaliste à l’Agence France-Presse (AFP).
Son travail lui a valu des prix prestigieux, notamment des reconnaissances au World Press Photo et au Visa Pour l’Image. En 2014, Time et The Guardian l’ont sélectionné comme photographe de l’année et il a été nominé pour le prix Plutzer.
Malgré sa présence dans diverses zones de guerre et de conflits à travers le monde, ce n’est qu’en Turquie qu’il a été victime de violences policières et a été arrêté.
C’était lors de la Pride Week 2021. Bülent Kılıç voulait couvrir la marche des fiertés le 26 juin. Cependant, la police l’a arrêté en le forçant à terre et en l’étouffant dans la rue Mis à Taksim, Istanbul. Plus tard, dans les interviews qu’il donnerait, Kılıç dira : « J’ai échappé de peu à une situation mettant ma vie en danger ».
Des journalistes unis par solidarité. Trois jours plus tard, ils ont marché de Babıali (Sublime Porte) vers le gouvernorat d’Istanbul. Des manifestations simultanées ont eu lieu à Ankara et à Izmir. Ils ont exigé la fin des violences policières et du harcèlement contre les journalistes. Cependant, cela ne s’est pas arrêté. Un an plus tard, en 2022, lors de la marche des fiertés à Istanbul, la police n’a pas autorisé Kılıç à exercer sa profession et l’a arrêté à Cihangir.
En 2021, Bülent Kılıç a non seulement porté plainte contre les policiers qui l’ont agressé, mais a également demandé réparation pour sa caméra cassée.
Le 8e tribunal administratif d’Istanbul a jugé que les policiers intervenus avaient fait usage d’une force excessive et a ordonné le versement d’une indemnisation totale de 30 095 livres turques à Kılıç.
Cependant, dans la plainte pénale, le procureur a décidé de ne pas engager de poursuites contre les deux policiers identifiés. Le même jour, Bülent Kılıç a été inculpé de « résistance à un agent public dans l’exercice de ses fonctions » et « d’insulte ouverte à un agent public dans l’exercice de ses fonctions ».
La première audience de cette affaire aura lieu demain au 19e tribunal pénal d’Istanbul à Çağlayan. Il y a eu un appel au soutien de la société civile pour ce procès.
Malgré la décision du tribunal administratif en sa faveur, Kılıç déclare : « Je n’ai pas beaucoup d’espoir quant à ce procès ».
Bianet