La première audience de l’avocat kurde Saleh Nikbakht, représentant la famille de Jina Mahsa Amini, a eu lieu le 29 août devant la 28e chambre du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran, pour « propagande contre l’État ».
Nikbakht a nié les accusations portées contre lui et a déclaré que le procès avait été mené en violation de la loi, a appris le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN). Le procès a été ajourné à une date ultérieure non encore fixée.
Une source qui s’est entretenue avec le Réseau pour les Droits humains au Kurdistan (Kurdistan Human Rights Network – KHRN) a déclaré que les accusations portées contre l’avocat « découlent de ses entretiens avec des médias locaux et étrangers, ainsi que de ses critiques à l’égard de l’expertise fournie par la Commission médico-légale concernant la mort de Jina Amini ».
La source déclaré que Nikbakht avait été interrogé neuf fois sur une période de quatre ans, de 2019 à 2023, et toutes ces entrevues ont été documentées comme preuve à l’appui des allégations.
Concernant le contenu de ces interogations, la source a détaillé : « Deux de ces entretiens concernent des déclarations faites par des avocats, des militants des droits civiques et des journalistes condamnant les incursions de l’armée turque au Kurdistan syrien et sa violation de la souveraineté de la nation. Il y a également des entretiens sur l’absence de dispositions légales pour l’octroi de permis de moto aux femmes et sur le processus d’obtention de la libération d’un prisonnier politique kurde (Kamal Hassan Ramazan) de la détention iranienne sous la représentation de Nikbakht. En outre, des enquêtes ont été menées sur les actions injustifiées de certains membres de la police des frontières iranienne envers les migrants afghans, ainsi que des critiques sur l’utilisation inappropriée d’armes à feu ayant entraîné la mort de kolbars kurdes. Les documents contiennent également des critiques sur les aveux forcés de détenus diffusés par les médias d’État. Enfin, les entretiens portent sur le cas de Jina Amini, exprimant son mécontentement à l’égard du rapport médico-légal et l’attitude dédaigneuse envers les demandes des avocats et des membres de sa famille concernant son assassinat. »
« À l’approche de l’anniversaire de l’assassinat de Jina Amini par le gouvernement et du risque de nouvelles manifestations antigouvernementales, les organes de sécurité semblent employer des mesures strictes et cultiver un environnement de peur pour empêcher toute résurgence de la dissidence », a ajouté la source.
Un avocat spécialisé dans les affaires politiques touchant les minorités
Nikbakht, un avocat de 72 ans, a une carrière de plus de quatre décennies. Il a pris en charge un large éventail de dossiers politiquement et journalistiquement chargés, notamment en représentant des militants politiques et des droits civiques emprisonnés d’origine kurde, azerbaïdjanaise-turque et arabe.
Il a également été chargé de traiter un certain nombre d’affaires de corruption économique très médiatisées en Iran.
Nikbakht, qui a également une formation en journalisme, a été persécuté, convoqué, interdit de quitter le pays et détenu par les services de sécurité avant et après la révolution de 1979. (…)