TURQUIE / KURDISTAN – Des hackers ont volé les données de 85 millions de citoyens turcs et celles des ressortissants étrangers vivant légalement dans le pays. Ils les partagent gratuitement sur le site « Sorgu Paneli ».
En plus du partage gratuit des informations personnelles, dont le numéro de carte d’identité, le numéro de téléphone et l’adresse de toute personne résidant en Turquie, le site fournit les informations plus spécifiques (titre de propriété, compte bancaire…) contre une adhésions payantes. Les données des ressortissants étrangers résidant légalement en Turquie sont également disponibles sur internet.
Selon Free Web Turkey, le site auquel on peut s’inscrire avec un compte e-mail, contient des données personnelles des citoyens, dont les noms et prénoms, les adresses postales, les numéros de téléphone et les informations de compte bancaire. Ceux-ci sont facilement accessibles en recherchant le prénom et le nom d’une personne. On voit que le nombre total d’utilisateurs sur le site, qui publie à partir de l’adresse de domaine Sorgu.live, est de 5 195. Le site fournit également le même « service » sur Telegram et Discord.
Les informations personnelles des ressortissants étrangers résidant légalement en Turquie et enregistrés dans le système e-Government sont également disponibles sur le site. Afin d’accéder à des informations détaillées telles que les comptes bancaires ou titres de propriété, il faut acheter une adhésion « VIP ». Ceux qui gèrent le site font ouvertement de la publicité sur Twitter et sur internet.
« Un énorme risque de sécurité »
S’exprimant sur la fuite massive des données privées, le codirecteur de l’Association des médias et des études juridiques (Media and Law Studies Association – MLSA), Veysel Ok, a déclaré qu’on avait commis un crime majeur et a déclaré : « Toutes les données personnelles de toutes les personnes vivant en Turquie, les données personnelles des proches, l’IBAN et les informations bancaires, les informations sur le titre de propriété, les informations d’adresse ont été usurpées. Ceux qui ont usurpé ces données ont commis un crime majeur en vertu de la loi sur la protection des données personnelles (KVKK) et du code pénal turc (TCK). Cependant, il s’agit d’un crime commis non seulement par ceux qui volent les données, mais également par des agents de l’État qui ne protègent pas les données des personnes vivant en Turquie. À l’heure actuelle, toute personne a la possibilité d’accéder à toutes sortes d’informations sur la personne de son choix. « Il s’agit d’un crime aux conséquences graves et désastreuses », a-t-il déclaré.
Les autorités turques sont également coupables
Cependant, Ok a déclaré que cette imprudence n’était pas surprenante : « L’ancien ministre de l’Intérieur [Sulayman Soylu] utilisait une application appelée KİM sur son téléphone. Nous avons dit que c’était également illégal. Qui protégera la sécurité des citoyens dans une situation où même le ministère de l’Intérieur ne prête pas attention aux données personnelles ? Les procureurs doivent prendre des mesures immédiates contre ceux qui volent et publient ces données, et ceux qui ne prennent pas de mesures pour protéger les données. »
Via Arti Gerçek