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TURQUIE. Discrimination des minorités dans les zones touchées par les séismes du 6 février

TURQUIE / KURDISTAN – Le 6 février 2023, un séisme dévastatrice a frappé le nord de la Syrie et le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde) détruisant des zones entières, tuant plusieurs dizaines de milliers de personnes (certaines sources avancent le chiffre de 200 000 morts) et causant des traumatismes chez des millions de survivants. Des pertes humaines, des dégâts matériels et des traumatismes causés habituellement par des guerres dévastatrices que connait la Syrie et le Kurdistan depuis 2011… Plus de 4 mois après le séisme meurtrier, la majorité des villages et quartiers alévis/kurdes n’ont pas réellement bénéficié des aides envoyées par la communauté internationale. Il y a des familles entières qui vivotent encore sous des bâches qu’elles ont montées par leurs propres moyens alors que d’autres villages et localités turcs ou celles soutenant le parti AKP d’Erdogan ont reçu plus d’aide, y compris des mobil-homes. Cette discrimination étatique basée sur les origines ethniques ou croyances a été dénoncée dans un récent rapport du Minority Rights Group International (MRG).

« Les minorités les plus touchées par la discrimination à la suite des tremblements de terre sont les communautés alévies, notamment les alévis kurdes et turc, les nusayris [alaouites ou alawites, sont un groupe ethnique et religieux issu du djébel Ansariya au nord de la Syrie], ainsi que les Rom, les Dom et les Abdals », a déclaré le MRG.

Selon le MRG, les Kurdes sunnites ont sans doute été moins touchés par la discrimination puisque les provinces où ils vivent principalement, comme Diyarbakır et Şanlıurfa, ont été relativement épargnées par les séismes du 6 février.

Un séisme de magnitude 7,8 frappant près de la ville de Gaziantep – qui abrite environ 2 millions de personnes et à la frontière avec la Syrie – alors que les gens dormaient le 6 février a été suivi de dizaines de répliques, dont un séisme de magnitude 7,5 qui a secoué le région au milieu des efforts de recherche et de sauvetage le même jour.

« Les alévis sont parmi les plus exposés à la discrimination fondée sur leur identité pendant la période post-séisme », a déclaré le MRG.

« C’est vraiment difficile d’être alévi dans ce pays. Les citoyens alévis vivant à proximité des centres-villes n’ont pas fait l’objet de discrimination car leur identité n’était pas bien connue, mais les citoyens vivant dans les villages alévis l’ont ressenti très intensément », a déclaré au MRG Celal Fırat, président de la Fédération des associations alévis.

Pendant ce temps, les communautés Rom, Dom et Abdal (parfois assimilées à des Roms ou à des « Tsiganes » en raison de leur mode de vie traditionnel itinérant) ont également été victimes de discrimination dans l’acheminement de l’aide. « Les différences ethno-religieuses ont été oubliées dans les premiers jours du tremblement de terre, mais on s’en est souvenu peu après », explique Göktan Yıldırım de l’ONG Romani Godi.

Une autre ONG, Kırkayak Kültür, a rapporté que « Dom et Abdals, dont les conditions de logement étaient mauvaises même avant les tremblements de terre, luttent tous deux contre la pauvreté et vivent dans la peur d’entrer dans leurs maisons de fortune. Ils ont été forcés d’entrer dans leurs maisons, comme on le prétend. Cependant, les familles ne veulent pas entrer dans ces maisons par peur. De telles observations sont soulignées par le Centre européen des droits des Roms, qui note que le racisme et la discrimination à l’encontre des personnes identifiées comme « tsiganes » ont « explosé », les membres de ces communautés recevant la haine même de la part des bénévoles. Cela s’est produit dans un contexte de déni d’accès à la nourriture et à l’eau, au logement et aux expulsions forcées des abris d’urgence. »

Selon les organisations humanitaires, l’impact des séisme se fera sentir pendant des mois et des années à venir.

Environ 2,7 millions de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays. L’abri, les installations d’assainissement de l’eau, les soins de santé, la protection (y compris la santé mentale et le soutien psychosocial) restent des besoins prioritaires, selon l’UNICEF Turquie.

Les dégâts en Turquie à eux seuls pourraient s’élever à plus de 100 milliards de dollars, a déclaré l’ONU et lancé un appel de fonds d’un milliard de dollars pour soutenir des millions de personnes en Turquie.

Le MRG , basé au Royaume-Uni, fait campagne dans le monde entier avec environ 150 partenaires dans plus de 50 pays pour garantir que les minorités défavorisées et les peuples autochtones, souvent les plus pauvres des pauvres, puissent faire entendre leur voix.

Rapport de MRG à lire ici: The devastating impact of the recent earthquakes on Turkey’s minorities