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TURQUIE. Libération de 9 journalistes kurdes emprisonnés depuis plus de 6 mois

TURQUIE – Neuf journalistes kurdes emprisonnés depuis plus de 6 mois pour « terrorisme » ont été libérés à l’issue de la première audience d’hier à Ankara où au total 11 journalistes sont poursuivis pour « appartenance à une organisation terroriste ».

La première audience du procès contre les journalistes des médias libres s’est terminée par la libération de tous les reporters à l’exception de Hamdullah Bayram. La Haute Cour a statué que le lieu de travail d’un journaliste ne peut être le seul motif d’arrestation pour suspicion d’« appartenance à une organisation terroriste [PKK] ». La 2e audience du procès aura lieu le 5 juillet 2023.

Le tribunal a décidé de séparer le dossier d’Hamdullah Bayram et de fusionner son dossier avec le dossier d’Urfa ; supprimer les mesures de contrôle judiciaire imposées à Zemo Ağgöz et Mehmet Günhan ; d’émettre une ordonnance pour enquêter s’il y a une enquête sur l’agence de presse de Mezopotamya et JinNews ; d’entendre Ferhat Çelik et Sadiye Eser comme témoins.

Reporters sans frontières (RSF) a appelé les autorités turques à « cesser d’instrumentaliser la justice pour étouffer la presse d’opposition ».

Parmi les onze journalistes sur le banc des accusés, dix étaient incarcérés depuis plus de six mois, suite à leur arrestation le 29 octobre 2022. (Le journaliste Hamdullah Bayram avait été arrêté le 20 mars 2023 dans le cadre de la même enquête.) Les autres journalistes poursuivis sont rédactrice en chef de l’agence de presse Mésopotamie (MA) Diren Yurtsever, des journalistes de cette même agence Berivan Altan, Deniz Nazlim, Selman Gozelyüz, Hakan Yalcın, Ceylan Şahinli et Emrullah Acar, ainsi que des deux journalistes du site d’information féminin Jin News Habibe Eren et Öznur Değer. Une autre journaliste Zemo Aggoz Yigitsoy et un stagiaire de Mésopotamie Mehmet Günhan avaient, eux, été relâchés sous contrôle judiciaire après leur garde à vue. Officiellement, ils sont accusés d‘appartenir au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation politique armée considérée comme terroriste par la Turquie et l’Union européenne. Mais leur acte d’accusation, long de 210 pages, précise qu’on leur reproche plus spécifiquement de faire partie du « comité médias » du KCK, une structure communautaire proche du PKK.

En réalité, lors de leur interrogatoire, les onze journalistes n’ont pas été questionnés sur le PKK mais sur leur appartenance à l’association prokurde de journalistes Dicle Firat (Dicle Fırat Gazeteciler Derneği – DFG) basée à Diyarbakir, sur leurs reportages, leurs relations avec les médias pour lesquels ils travaillent, leurs publications sur les réseaux sociaux et leurs déplacements. La justice turque a aussi cherché à savoir qui les avait envoyés faire leur reportage.