TURQUIE / KURDISTAN – Lors d’un meeting électoral à Istanbul, le ministre turc de l’Intérieur a reconnu avoir limogé les maires kurdes en 2019 sur ordre du président Erdoğan.
S’exprimant sur le processus de nomination des administrateurs (kayyum) aux municipalités kurdes dirigées par le HDP, le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu a déclaré : « Je suis devenu ministre de l’Intérieur. Notre président m’a appelé. Il a dit : « Süleyman, je suis mal à l’aise avec ces municipalités du HDP/PKK dans le sud-est et l’est de la Turquie. Tu les destitueras immédiatement ». J’attendais avec impatience cette instruction de toute façon. Deux jours se sont écoulés et on les ai tous destitués dans une opération de police à grande échelle à 8 heures du matin. »
Que s’est-il passé?
Aux élections locales du 31 mars 2019, le HDP a remporté un total de 65 municipalités, malgré toutes les politiques de répression du gouvernement. Cependant, juste après l’élection, les mandats de 6 co-maires et de 56 conseillers municipaux ont été annulés au motif qu’ils avaient été révoqués par décret. Avec cette décision, le haut conseil électoral turc (YSK) a donné les mandats aux candidats AKP sortis deuxième des urnes. Par la suite, des administrateurs ont été nommés pour remplacer les co-maires des municipalité métropolitaine de Diyarbakır, Mardin et Van, qui ont été démis de leurs fonctions par décision du ministère de l’Intérieur le 19 août 2019.
Au cours des trois années écoulées depuis 2016, des administrateurs ont été nommés à la tête de 48 des 65 municipalités remportées par le HDP sur décision du ministère de l’Intérieur. Les mandats de 6 maires ont été révoqués juste après les élections, sur la base du décret-loi. Ainsi, le HDP n’a plus que 6 mairies sur 65 qu’il avait gagnées lors des élections de 2019. Depuis le 31 mars 2019, 84 co-maires du HDP ont été détenus. 39 co-maires, dont 21 femmes, ont été emprisonnés.