Selon un journaliste turc, les sbires du régime Erdogan qui parlent de « guerre civile » en cas de défaite du chef de l’AKP lors des élections présidentielles et législatives du 14 mai 2023 veulent en réalité cacher le coup d’État civil qui sera mis en place par le Conseil électoral supérieur turc (Yüksek Seçim Kurulu – YSK) le soir des élections en cas de défaite prévue d’Erdogan, en falsifiant les résultats sortis des urnes. Le journaliste Veysi Sarısözen invite l’opposition à devancer le « coup d’Etat civil » du YSK en annonçant immédiatement les résultats du vote, sans laisser le temps aux sbires du régime de les falsifier.
Dans son article intitulé « Qui a peur du méchant loup » publié sur le site Yeni Özgür Politika, Veysi Sarısözen conseille à l’opposition turque – qui participe aux élections derrière l’Alliance de la Nation* – de contrer la tentative de falsification des résultats électoraux par le YSK, en annonçant tout de suite leur victoire avec les résultats des votes notés par les procès-verbaux de chaque bureau de vote, en devançant le YSK et l’agence gouvernemental Anadolu.
Sarısözen a écrit: « Le YSK fait de grands et de petits pas vers un coup d’État civil. L’acceptation de la candidature d’Erdoğan sans diplôme et Erdoğan, qui a été nommé deux fois, pour la troisième fois et sans diplôme, est une préparation à un coup d’État civil. (…)
Ma suggestion est la suivante: Erdogan a perdu maintenant. L’opposition a définitivement gagné. Le 14 mai ne signifie rien d’autre que la confirmation de ce résultat dans les urnes. L’important est de faire approuver ce résultat par le YSK. Le soir de l’élection, l’opposition devrait annoncer sans tarder la victoire électorale, qui a été obtenue avec des procès-verbaux signés, grâce à la sécurité électorale. Il devrait appeler des millions [d’électeurs] dans la rue pour célébrer sa victoire électorale. [Quand] l’Agence Anadolu commence à publier de faux résultats électoraux, l’opposition devrait déclarer que « AA [Agence Anadolu] prépare le terrain pour le coup d’État électoral qui sera mené par le YSK ». Il devrait donner un ultimatum sévère au YSK: Ne recourez pas au coup d’État électoral, dès que vous tenterez de le faire, en tant qu’opposition, nous nous [retirerons de la grande Assemblé Nationale], vous laissant seuls avec les millions dont vous avez volé la volonté… »
Veysi Sarısözen donne comme exemple, le même ultimatum lancé lors des élections du 14 mai 1950, par Adnan Menderes au gouvernement d’İnönü. Il ajoute qu’Erdogan et sa junte YSK paniquent face à un tel défi. « Les huit ou dix hommes du YSK savent que demain, lorsqu’il sera jugé pour ce coup d’État, Erdogan dira: « Je ne l’ai pas fait, le YSK, qui est une institution constitutionnelle, a décidé, et j’ai obéi. »
L’article de Veysi Sarısözen à lire (en turc) ici: « Kim korkar hain kurttan »
*L’Alliance de la Nation ou la table des Six réunissant le Parti républicain du peuple (CHP), le Bon Parti (IYI parti), le Parti de la Félicité (SP, Saadet partisi), le Parti Démocrate (DP), le Parti de l’Avenir (Gelecek partisi) et le parti de la Démocratie et du Progrès (DEVA, Demokrasi ve Atılım Partisi). L’allaiance de la Nation aura également le vote kurde car le parti kurde HDP et son succésseur Yesil Sol n’ont pas désigné de candidat présidentiel et appellent leur électeurs à voter pour mettre fin au règne d’Erdogan.