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Amnesty accuse les forces armées turques de commettre des abus dans les zones touchées par le séisme du 6 février

Torture, arrestations arbitraires, menaces de mort… Amnesty International dénonce les crimes commis par les forces armées turques (police, gendarmerie) dans les régions touchées par le séisme du 6 février 2023.

Amnesty International a publié un communiqué de presse pour dénoncer les abus commis par les forces armées turques dans les zones touchées par le séisme dévastateur du 6 février 2023 qui a touché principalement les régions kurdes de Turquie et de Syrie.

Extraits du communiqué de presse d’Amnesty International datée du 5 avril 2023:

« Des responsables de l’application des lois déployés afin d’assurer le maintien de l’ordre dans la région de Turquie dévastée par les tremblements de terre du 6 février, ont frappé, torturé et soumis à d’autres formes de mauvais traitements des personnes qu’ils soupçonnaient de vol et de pillage, ont déclaré Amnesty International et Human Rights Watch mercredi 5 avril. Une personne est morte en détention après avoir été torturée. Dans plusieurs cas, des responsables de l’application des lois ne sont par ailleurs pas intervenus afin d’empêcher des individus d’agresser violemment d’autres personnes qu’ils soupçonnaient semble-t-il de crimes.

Si des vols et des pillages ont été signalés dans des logements et des magasins au lendemain du séisme, ce qui a représenté d’énormes difficultés sur le plan de la sécurité pour les responsables de l’application des lois, le droit international et le droit turc interdisent de faire subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements à des suspects, quelles que soient les circonstances. Le gouvernement turc affirme de longue date employer une politique de « tolérance zéro pour la torture ».

« Les signalements crédibles selon lesquels des policiers, des gendarmes et des soldats ont soumis des personnes qu’ils soupçonnaient d’une infraction à des passages à tabac prolongés et à des détentions arbitraires et non officielles en disent long sur les pratiques d’application des lois dans la région de la Turquie ayant été affectée par les tremblements de terre », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch.

« Certains responsables de l’application des lois traitent l’état d’urgence décrété en relation avec cette catastrophe naturelle comme un permis de torturer, de maltraiter, voire de tuer en toute impunité. »
(…)
« Amnesty International et Human Rights Watch ont recueilli les propos de 34 personnes et, lorsque cela était possible, examiné des séquences vidéo se rapportant à 13 cas de violences perpétrées par des policiers, des gendarmes — dans les zones rurales — ou des soldats déployés dans la zone, qui concernent 34 hommes victimes. Des chercheurs et chercheuses ont recueilli d’autres témoignages et visionné des vidéos montrant d’autres personnes se faire rouer de coups par les forces de sécurité, mais n’ont pas été en mesure de pleinement confirmer ces événements. Les personnes interviewées incluent 12 victimes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements, deux personnes menacées d’une arme par des gendarmes, ainsi que des témoins et des avocats. »
(…)
« Des allégations très sérieuses d’actes de torture commis par des membres de la gendarmerie et de la police d’Adıyaman ont également été signalées au bureau du procureur de Diyarbakır le 14 février par des avocats représentant R.T., İ.T., E.T., Y.A. et A.T., cinq jeunes hommes kurdes [photo] de Diyarbakır. Ils étaient un groupe de sept à s’être rendus à Adıyaman pour proposer leur aide dans les opérations de recherche et de sauvetage le 11 février. Comme pour certains autres cas, Human Rights Watch et Amnesty International se réfèrent à ces personnes par des initiales afin de protéger leur anonymat, à leur demande.

Dans la plainte qu’ils ont déposée auprès du procureur, ces hommes ont déclaré que des gendarmes leur ont fait quitter le site d’un immeuble effondré où une opération de sauvetage était en cours sans leur donner d’explication. Ils les ont conduits à proximité dans une tente occupée par des gendarmes et des policiers, qui les ont accusés de pillage et de vol. Quatre ou cinq gendarmes et un officier de police, ainsi que plusieurs personnes en civil, les ont frappés.

Environ une heure plus tard, on les a conduits dans un commissariat de police dans un minibus blanc avec deux des gendarmes. L’un d’entre eux a dit : « Si un seul d’entre eux bouge, faites-leur sauter la cervelle. » Au commissariat, vers 22 heures, d’après les témoignages des hommes, une trentaine de policiers les ont giflés et frappés à coups de poing et de pied. Ils ont porté les coups avec leurs mains, leurs pieds, des matraques et des bâtons. Certains officiers de police auraient semble-t-il filmé ces tortures avec leurs téléphones. Ensuite, les policiers ont saisi leurs téléphones, leurs pièces d’identité, leurs portefeuilles et leurs vêtements, les laissant en sous-vêtements.

Ils ont alors été contraints de monter dans le même minibus blanc sans être autorisés à s’asseoir. Ils ont donc dû se serrer entre les sièges. Tandis que le véhicule roulait, les officiers de police les ont forcés à produire de faux aveux de pillage et à dire « nous sommes des voleurs et des fils de pute », déclarations que les officiers de police ont enregistrées avec leurs téléphones. Ils ont été frappés et ont subi des insultes et des menaces de mort sur tout le trajet.

Vers minuit, on les a fait sortir de force du minibus dans une zone déserte située à près de 10 kilomètres de la ville. Par des températures négatives, les policiers ont aspergé d’eau les hommes dénudés et les ont forcés à ramper sur le sol. Après leur avoir rendu leurs pièces d’identité, les policiers les ont laissés sur place. Un des homme avait réussi à dissimuler un téléphone dans ses sous-vêtements. Il a alors pu appeler à l’aide. »
(…)
L’intégralité du communiqué de presse de l’Amnesty peut être lu ici: Turquie. La police et la gendarmerie commettent des abus dans la zone affectée par les tremblements de terre