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TURQUIE. Emprisonnement d’un journaliste kurde refoulé par la Grèce

TURQUIE – Le journaliste kurde Murat Verim, poursuivi par la « justice » turque pour terrorisme et qui a voulu rejoindre l’Europe via la Grèce, a été refoulé illégalement vers la Turquie où il a été emprisonné aussitôt. Il ne serait pas le seul réfugié refoulé par la Grèce.

Le journaliste kurde Murat Verim a été arrêté en Turquie après être refoulé par les gardes-frontières grecs. Il se trouve actuellement dans la prison de haute sécurité d’Edirne, dans l’ouest de la Turquie, où il purge une peine de quatre ans de prison en raison d’un verdict désormais définitif d’un tribunal de Mardin (Mêrdîn) pour avoir soutenu une « organisation terroriste ». Au moins deux autres affaires pénales contre Verim sont en cours ou en attente d’une audience de révision. Verim est de nouveau accusé de terrorisme, un moyen de censure efficace visant les journalistes et médias libres du pays.

Murat Verim a travaillé pour les médias kurdes. Parmi ses anciens employeurs figure l’agence de presse DIHA, qui a été fermée par décret en 2016 après la soi-disant tentative de coup d’État en Turquie. En raison de cette activité, le journaliste sous surveillance policière depuis 2015, a été arrêté à plusieurs reprises. En 2016, il a perdu également son poste d’attaché de presse de la ville de Kerboran. La municipalité, dirigée par le parti kurde DBP, a été alors placée sous l’administration de l’État, et depuis un administrateur nommé par Ankara a remplacé le maire légitimement élu.

Le fait que Verim ait été arrêté par des gardes-frontières grecs et refoulé vers la Turquie alors qu’il tentait de se rendre en Europe n’a été révélé que par hasard par des avocats représentant des prisonniers politiques de la prison de type F d’Edirne. En plus de Verim, au moins une autre personne, le militant kurde Ebubekir Gezer, se trouve dans le centre de détention. Il a été arrêté par les gardes-frontières grecs il y a quelques jours et refoulé vers la Turquie. Dans son cas, c’est l’équipe de défense de l’ancien coprésident du HDP Selahattin Demirtaş qui a informé les proches du refoulement et de l’arrestation.

Les refoulements violent le droit international

Les refoulements sont des mesures étatiques dans lesquelles les personnes en fuite et migrantes sont repoussées – généralement immédiatement après avoir traversé la frontière. Les refoulements sont illégaux en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme et de la Charte des droits fondamentaux de l’UE qui stipulent que, les demandeurs d’asile doivent avoir la possibilité de demander l’asile.

Mais les organisations de défense des droits humains accusent Athènes de refoulements souvent violents, voire mortels. Le gouvernement grec nie toute implication dans le refoulement illégal, qualifiant les accusations de « fausses nouvelles » ou de « propagande » et réprimant ceux qui signalent de tels incidents, y compris sous la menace de sanctions pénales.

La Grèce étend actuellement une clôture en acier d’environ cinq mètres de haut le long de la frontière avec la Turquie sur la rivière Evros. La clôture longue de 37,5 kilomètres doit être prolongée de 35 kilomètres supplémentaires, a indiqué il y a quelques jours le ministre grec de la Protection civile, Takis Thedorikakos. Selon le ministre, environ 400 personnes en provenance de Turquie tentaient chaque jour de se rendre en Grèce et donc dans l’UE. En 2022, les gardes-frontières grecs ont arrêté plus de 260 000 personnes qui essayé de traverser la frontière au niveau de la rivière Evros.

ANF