AccueilFemmesEvin Goyi a consacré 34 ans à la lutte

Evin Goyi a consacré 34 ans à la lutte

La militante kurde tuée lors de l’attaque terroriste du 23 décembre à Paris, Evîn Goyî a joué un rôle central dans la participation des femmes à la révolution du Rojava. Elle a consacré sa vie à la lutte. Elle a également insisté sur la place de la femme libre contre la brutalité de l’EI.

Evîn Goyî (Emine Kara) est née dans le village de Hilal, au Kurdistan du Nord. Elle a rejoint les rangs du PKK en 1988. Elle s’est battue contre le groupe terroriste misogyne DAECH au Rojava et a été blessée dans cette guerre. (Le chanteur Mir Perwer et l’activiste Abdurrahman Kızıl ont été tués avec Evîn Goyi, lors du massacre qui a eu lieu à Paris le 23 décembre 2022.)

A la tête des communes et des assemblées

Cahid Hesen, qui a rencontré Evîn Goyî en 2011 au Kurdistan du Sud, a déclaré : « En 2011, j’ai eu la chance de rencontrer Heval (camarade) Evîn, bien que brièvement. Dans les premiers mois de 2016, nous étions dans la même zone au Rojava et participions à la même administration. Sans aucun doute, Heval Evîn a joué un grand rôle de premier plan dans la révolution du Rojava et de la Syrie du Nord et de l’Est. Elle a mené des activités pour les communes et les assemblées au sein de TEV-DEM [Mouvement de la société démocratique]. »

Elle a une place dans le cœur des Arabes

Elle a gagné une place dans le cœur des habitants du Rojava en peu de temps car elle était une camarade très sociable. Elle a gagné une place non seulement parmi le peuple kurde, mais aussi parmi les Arabes et d’autres composantes. Elle a assumé le rôle principal des villages aux villes du Kurdistan du Rojava et a construit des communes et des assemblées de ses propres mains. Elle a également assumé le rôle de premier plan au sein des Forces de la défense sociale.

Affirmant qu’Evîn Goyî était connue pour sa modestie, Cahid évoque ainsi son rôle dans la révolution du Rojava : « Heval Evîn était une pionnière. Sa conversation était profonde et elle était une amie compréhensive. Elle n’avait de problèmes avec personne et essayait toujours d’écouter et de comprendre l’autre personne. »

Elle a lutté pour une Syrie démocratique

Elle a beaucoup réfléchi à la poursuite du développement de la révolution du Rojava, à son statut exemplaire au Kurdistan et à la manière de contribuer à la création d’une Syrie démocratique.

A la tête de la lutte des femmes pendant 34 ans

Cahid fait référence aux 34 années de lutte d’Evîn Goyî, affirmant qu’elle « a consacré sa vie à la lutte pour la liberté. Sans aucun doute, elle a également dirigé la lutte pour la liberté des femmes dans la révolution du Rojava. Bien que sa santé se soit détériorée vers la fin de 2018, elle a continué à travailler. Heval Evîn a combattu dans 4 parties du Kurdistan. Elle a donné l’exemple aux femmes du Moyen-Orient et est devenu un symbole de résistance aux peuples opprimés, aux peuples qui luttent pour la démocratie et la liberté (…). »

« La France devrait clarifier le massacre ou elle deviendra complice de ce crime »

Attirant l’attention sur le 2e massacre de Paris, qui a coïncidé avec l’anniversaire de l’assassinat de Sakine Cansiz, Fîdan Dogan et Leyla Saylemez, également assassinées à Paris le 9 janvier 2013, Cahid Hesen a déclaré : « La France ne doit pas couvrir le massacre, elle doit vérité. Si l’Etat turc et le MIT sont à l’origine de ce massacre, la France sera également complice si le massacre du 23 décembre n’est pas élucidé. Nous continuerons à nous battre pour que le massacre ne soit pas couvert. »

« Une amie précieuse »

Kelsuma Eyup a déclaré avoir rencontré Evîn Goyî à Dirbesiyê en 2018 et a décrit ces jours comme suit : « Elle tenait des réunions tout le temps, les gens du quartier étaient fidèles à Heval Evîn. Elle était une amie précieuse. (…) »

Kelsuma a ajouté: «Elle était aussi à l’aise dans notre maison que si c’était la sienne. Nous avons ouvert notre maison et nos cœurs à Heval Evîn. (…) Mes 5 enfants aimaient beaucoup Heval Evîn. Ils demandaient toujours quand elle reviendrait. »

« Nous protégerons son travail »

Kelsuma a déclaré : « Heval Evîn était avant-gardiste. Elle a gagné une place dans le cœur des gens en peu de temps. Sa mort nous a attristés. Ces jours ont passé devant mes yeux comme un film et tout le monde a été choqué. Nous allons intensifier notre lutte pour protéger son travail. »

Elle a donné du courage aux autres

Evîn Seydo raconte avoir fait la connaissance d’Evîn Goyî lorsqu’elle est venue chez elle en 2017. « Son discours était naturel, elle riait toujours. Même lorsqu’elle ne venait pas chez nous, nous allions tout de suite dans n’importe quelle maison où elle se rendait. Parce que nous aimions écouter Heval Evîn, c’était stimulant. Si les femmes sont fortes aujourd’hui, résistantes et dirigeantes, c’est aussi grâce à Heval Evîn. Elle nous a donné du courage. Elle influençait les gens et les mobilisait. Nous avons promis de continuer le combat. Nous élèverons nos enfants dans la lutte. »

« Son silence était instructif »

Mihemed Xelef a dit qu’il est resté avec Evîn Goyî pendant 3 ans et a ajouté : « Elle ne parlait pas beaucoup, elle nous a entraînés avec son silence. Son silence était instructif. Elle a créé une loyauté spirituelle parmi le peuple. (…) »

Soulignant qu’Evîn Goyî représente la ligne des femmes libres, Mihemed s’est ensuite adressée aux segments qui luttent pour la démocratie et la liberté et a déclaré : « Les femmes ont mené la révolution du Rojava. L’une de ces femmes était Heval Evîn. Une fois de plus, une femme a été visée. Le silence des puissances internationales indique une complicité dans le massacre. Notre appel ne s’adresse pas aux puissances internationales, mais aux peuples qui luttent pour la démocratie et la liberté. Nous ne devons pas rester silencieux face à ceux qui ont assassiné les camarades Sara [Sakine Cansiz] et Evin. »

ANF