L’attentat terroriste de la rue d’Enghien du 23 décembre dernier est une attaque contre le mouvement des femmes kurdes mais également une attaque contre les femmes qui luttent pour la libération des femmes et de la société, déclare le Bureau des femmes kurdes pour la paix (CENI).
Cenî – Bureau des femmes kurdes pour la paix a publié un communiqué appelant à participer aux actions « justice et vérité » et demande: « Faisons appel ensemble à l’État français et à la communauté internationale. Nous nous battrons jusqu’à ce que nous sachions la vérité sur les attentats ! Nous voulons que la communauté kurde et les femmes kurdes soient enfin protégées au lieu d’être criminalisées, déportées et assassinées. »
Dans un communiqué faisant appel aux « camarades, organisations et collectifs de femmes révolutionnaires », Cenî – Bureau des femmes kurdes pour la paix a déclaré:
« Avec l’attentat brutal du 23 décembre 2022 à Paris, au cours duquel trois personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, une blessure profonde a été réouverte. Cela nous a douloureusement rappelé le triple féminicide de nos camarades Sara, Rojbîn et Ronahî, assassinées par les services secrets turcs (MIT) en 2013, également à Paris. La vérité sur le triple féminicide de 2013 n’a jamais été pleinement clarifiée. A ce jour, on s’interroge sur le rôle de l’État et des autorités françaises.
Avec cette attaque aussi, nous nous posons des centaines de questions : comment l’auteur a-t-il pu mettre la main sur autant de munitions ? Comment a-t-il pu planifier et mener à bien une telle attaque quelques jours après sa sortie de prison ? Et est-ce vraiment un hasard si dans cet attentat, une fois de plus, une figure féminine de haut rang du mouvement kurde, Evîn Goyi, a été assassinée ? Nous ne croyons pas qu’il s’agisse de coïncidences.
Actuellement, la violence contre les femmes kurdes s’intensifie partout : le régime iranien les tue et les arrête, l’armée turque les tue avec des armes chimiques et des drones, et en Europe, elles sont soumises à la criminalisation et au harcèlement des États de l’UE. Bien que le slogan révolutionnaire « Jin Jiyan Azadî » [slogan kurde signifiant femme, vie, liberté] soit évoqué par tout le monde en raison des manifestations en Iran, le silence est gardé lorsque ces mêmes femmes qui ont donné un sens au slogan sont assassinées.
Il y a deux mois, notre camarade Nagihan Akarsel a également été abattue par les services secrets turcs devant sa maison dans la ville de Slêmanî [au Kurdistan irakien]. Nous considérons ces attaques comme des attaques contre nous, le mouvement des femmes kurdes, mais aussi comme des attaques contre toutes celles qui s’organisent et luttent pour la libération des femmes et de la société.
Nous appelons tous les groupes et organisations féministes : Levons-nous et faisons entendre notre voix ! Exigeons ensemble des réponses ! Exigeons une enquête complète sur cette attaque brutale ! N’oublions pas Mîr Perwer, Abdurrahman Kizil et Evîn Goyi, ni nos camarades Sara (Sakine Cansiz), Rojbîn (Fidan Dogan) et Ronahî (Leyla Saylemez) tués en 2013.
Interpellons ensemble l’État français et la communauté internationale: Nous exigeons des réponses ! Nous nous battrons jusqu’à ce que nous sachions la vérité sur les attentats ! Et nous voulons que la communauté kurde et les femmes kurdes soient enfin protégées au lieu d’être criminalisées, déportées et assassinées. »
ANF