Le célèbre tableau « La Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix inspiré de la IIe Révolution française est mondialement connu et symbolise la liberté et la démocratie face aux pouvoirs dictatoriaux. Près de deux siècles plus tard, cette même liberté guide un autre peuple épris de liberté: les Kurdes colonisés sur leurs propres terres et qui luttent inlassablement contre leurs bourreaux malgré d’innombrables campagnes génocidaires subies.
Comme en Syrie, en Irak et en Turquie, marginalisés et persécutés également en Iran, les Kurdes guident aujourd’hui une révolution féministe qui secoue tout le pays sous le slogan « Femme, vie, liberté » (Jin, jîyan, azadî). Pour cela, ils ont accepté de payer un prix très élevé qu’ils remboursent avec le sang de leur jeunesse. A tel point que, sur la tombe de leurs enfants tués par les mollahs, ils refusent de pleurer et déclarent que leurs enfants sont devenus les martyrs de la patrie, tout en glorifiant le courage des femmes kurdes qui mènent une lutte sur deux fronts à la fois: sur le front anticolonial et celle anti-patriarcal. Aujourd’hui, le père d’un jeune homme tué par les forces gouvernementales iraniennes déclarait qu’autrefois la bravoure était synonyme de la masculinité mais qu’aujourd’hui, pour parler du courage, on doit dire « brave comme des femmes » car ces dernières l’ont déjà prouvée en se dressant contres leurs oppresseurs sanguinaires.
Dans une société si patriarcale, entendre un homme vanter le courage des femmes kurdes nous montre le chemin parcouru depuis les années 1970 où les femmes kurdes ont commencé a prendre les armes contre leurs colonisateurs et qui ont pris conscience de leur double asservissement. En effet, elles étaient asservies par leurs colonisateurs en tant que Kurdes, mais elles étaient également asservies par leur propre société patriarcale qui avait le contrôle total sur leurs corps et qui décidait quand et avec qui chacune d’elles seraient mariées. Il était hors de question de parler d’émancipation féminine. La lutte de ces femmes qui a été couronnée de succès au Rojava le sera également en Iran car les femmes kurdes tissent des liens avec toutes les femmes du monde pour une révolution féministe mondiale qui va du Moyen-Orient jusqu’aux Amériques en passant par l’Asie et l’Europe. En attendant l’accomplissement d’un tel voeux, saluons la lutte de tous les peuples d’Iran et rendons hommages à toutes ces femmes tombées dans la lutte pour leur liberté à l’approche de la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes qu’on célèbrera le 25 novembre. Contre toutes les violences masculines et étatiques, femme, vie, liberté !