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TURQUIE. Pour Erdogan, les Kurdes sont un jour ses frères, un jours des terroristes

TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – Malgré ses récentes déclarations anti-kurde [« des terroristes qui font 5,10,15 enfants »], le président turc s’est quand-même rendu dans la ville kurde de Diyarbakir (Amed) où il s’en est pris à Selahattin Demirtas, l’ancien co-président d’HDP tenu en otage dans une prison d’Edirne depuis 6 ans. Il a accusé Demirtas de ne pas être kurde… alors qu’il quémande le vote des Kurdes tout en continuant à les massacrer au Rojava, à Shengal, au Kurdistan irakien…

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a critiqué dimanche les défenseurs des droits humains en Occident et a remis en question la kurdicité des politiciens kurdes lors d’un rassemblement dans la province de Diyarbakır, peuplée de Kurdes.

Erdoğan s’est rendu dimanche à Diyarbakır pour l’ouverture officielle d’un certain nombre de projets du secteur public et pour des réunions avec divers groupes. Sa visite devait avoir lieu une semaine plus tôt, mais a été reportée après la mort de 41 mineurs dans une explosion dans le nord de la Turquie la semaine dernière. Il a ajouté:

« Nous n’avons pas laissé les mères de Diyarbakır aux chimpanzés de l’Occident», a déclaré Erdoğan dans son discours. « Où sont ces défenseurs des droits humains de l’Occident ? Sont-elles déjà venues rendre visite aux mères de Diyarbakır ? »

Les Mères de Diyarbakır (Diyarbakır Anneleri) est un groupe affilié au Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir qui organise des sit-in devant le siège provincial du Parti démocratique des Peuples (HDP), prétendant que leurs enfants ont été enlevés par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et exigeant leur retour. La création du groupe était un effort pour faire de la maternité un nouveau champ de bataille autour de questions liées à la question kurde de Turquie et une référence claire aux mères du samedi qui organisent des sit-in hebdomadaires depuis 27 ans pour exiger des informations sur des proches enlevés par les paramilitaires turcs JITEM et autres forces de sécurité turques dans les années 1990.

«L’individu qui se trouve actuellement à la prison d’Edirne a-t-il un lien avec la kurdicité ?» a demandé Erdoğan, se référant sans utiliser son nom à Selahattin Demirtaş. Demirtaş est emprisonné depuis novembre 2016 dans la province d’Edirne, dans le nord-ouest de la Turquie, pour des accusations liées au terrorisme, bien que la Cour européenne des droits de l’homme ait demandé sa libération.

« Cet homme n’est pas un Kurde. Mais il exploite mes frères et sœurs kurdes », a déclaré Erdoğan avant d’ajouter que l’actuel coprésident du HDP n’est pas non plus kurde.

Le HDP a deux coprésidents, Pervin Buldan et Mithat Sancar, tous deux d’origine kurde.

Erdoğan a déclaré à la foule que la prison de Diyarbakır, connue pour la torture cruelle et le traitement inhumain des prisonniers après le coup d’État militaire de 1980, sera transformée en musée, avant de reprendre ses attaques contre le HDP.

« Le HDP, appareil opérationnel impérialiste déguisé en parti, est l’acteur de toutes les perversités qui visent votre moralité », a-t-il dit.

Selon de nombreux analystes, la visite d’Erdoğan à Diyarbakır est un autre signe que la Turquie organisera des élections dans un court laps de temps. Les élections présidentielles et législatives sont actuellement prévues pour juin 2023, mais de nombreux analystes s’attendent à ce que des élections anticipées soient annoncées.

Erdoğan, arrivé au pouvoir en 2002, a besoin des voix kurdes pour être réélu président. Le soutien des Kurdes conservateurs a joué un rôle essentiel au cours des 20 années au pouvoir d’Erdoğan, mais le président fait face à un soutien en baisse dans les régions kurdes de la Turquie.

Un politicien de l’AKP qui souhaitait rester anonyme a déclaré à Artı Gerçek qu’il y avait un malaise généralisé parmi les Kurdes à propos du parti au pouvoir.

« Dans des conditions normales, aucun risque ne devrait être associé au fait d’être vu avec le parti au pouvoir. Mais personne ne veut être vu avec ce parti », a déclaré le politicien.

Selon la source, les partisans kurdes de l’AKP se sont éloignés du parti alors que la rhétorique nationaliste a commencé à dominer les politiques de l’AKP, et en particulier depuis qu’Erdoğan a formé une alliance avec le Parti du mouvement nationaliste (MHP) d’extrême droite.

Artı Gerçek a également indiqué que le soutien à l’AKP à Diyarbakır est bien en deçà des 21% qu’il a obtenus lors des élections de 2018, selon des sondages organisés sur les ordres de l’administrateur nommé par le gouvernement dans la province pour remplacer le maire HDP élu. Selon un autre sondage réalisé pour le compte du gouverneur de Diyarbakır, les votes de l’AKP sont à 15%.

Medya News