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Pour les Iraniens, il s’agit d’un soulèvement, pour les Kurdes et Baloutches, un massacre

IRAN / ROJHILAT – Alors même que le régime iranien est défié par la jeunesse et les femmes sur l’ensemble du pays, il a concentré sa violence envers les minorités kurdes et baloutches torturés, emprisonnés, exécutés à bout portant. On assiste ce soir à massacre de masse dans la ville kurde de Sanandaj (Sînê)… Ailleurs, en Iran, il s’agit d’un soulèvement, au Kurdistan iranien et au Sistan-Baloutchistan, il s’agit d’un énième massacre du colonisé, comme le raconte si bien la militante kurde Hawzhin Azeez dans le texte suivant.

« Actuellement, la ville kurde de Sînê (Sanandaj) est sous blocus militaire avec les forces de sécurité du régime utilisant des véhicules blindés, des gaz lacrymogènes et des munitions réelles pour terroriser les manifestants. Alors que le monde célèbre les « protestants iraniens », il doit réaliser que la majorité du sang versé jusqu’à présent dans la révolution était des Kurdes et des Baloutches – deux minorités profondément opprimées en Iran. Les Kurdes de Sînê n’ont pas cessé de manifester depuis plus de 25 jours avec leur sang et avec leur corps.

Les oppresseurs ne donneront jamais la liberté facilement et ne renonceront jamais au pouvoir qu’ils ont assassiné et torturé tant de personnes pour les garder. La révolution a un prix et au Moyen-Orient, les combats arrivent souvent dans les régions kurdes et se battent avec des vies kurdes. Comment se fait-il que le régime n’utilise pas ce niveau de force contre la ville de Téhéran ou d’Ispahan qui sont des zones dominées par les Perses ?

Parce que le régime, en apportant sa guerre au Kurdistan, tente de faire dérailler ce soulèvement en tant que question de souveraineté séparatiste et nationale. Ça ne l’est pas. Il ne s’agit même pas de couvrir la tête des femmes. Il s’agit de décennies de corruption, de violence économique et de sous-développement, de népotisme et d’hypocrisie de l’élite dirigeante.

L’Iran a également des lois très strictes sur les armes à feu, de sorte que les citoyens sont disproportionnés par les forces de sécurité lourdement armées. Des dizaines de vidéos des forces de sécurité du régime tirant sans discernement sur des manifestations ont émergé ces derniers jours, principalement dans les régions kurdes. Les manifestants n’ont que des pierres, leurs slogans et l’idéologie de la liberté en retour.

C’est un soulèvement populaire de masse. Pour beaucoup d’Iraniens, c’est une protestation. Pour les Kurdes, c’est un massacre, des déplacements, des meurtres extrajudiciaires, l’exil, l’emprisonnement et plus encore. Nos corps sont des lieux de tant de violence. Nous [Kurdes] sommes désignés de façon permanente – contenus et emprisonnés – à l’intérieur des frontières de la violence d’État (…), c’est être un corps meurtri ; un cri pour la liberté ; un slogan écrit avec du sang. Mais nous allons saigner sans fin, affronter toutes les balles et les tanks, de l’EI aux ecclésiastiques corrompus, du Rojava au Rojhilat pour la simple idée de « Jin, Jiyan, Azadi» [femme, vie, liberté].