Les protestations (déclenchées par la mort brutale de Jina Masha Amini, une jeune Kurde de 22 ans, par la police des mœurs) de masse dirigées par des femmes au Kurdistan iranien et dans d’autres villes, dont Téhéran, pourront-elles mettre fin au règne des mollahs islamiste ? Si l’on croit de nombreux journalistes, activistes, chercheurs… la réponse est «oui».
Certes, le pouvoir iranien a mobilisé ses forces armées qui ont ouvert le feu sur des manifestants dans les régions kurdes et qui ont déjà tué plusieurs manifestants, blessé et arrêté des centaines d’autres. Mais, il semble que 43 ans de terreur étatique qui a écrasé les femmes, les minorités ethniques et religieuses, affamé la moitié des habitants d’Iran ne fait plus peur au peuple, encore moins aux femmes qui brûlent leurs voiles sur la voie publique et crient « Jin, Jiyan, Azadî! » (Femme, vie, liberté), un slogan du mouvement de libération kurde connu du monde depuis le début de la révolution du Rojava…
Azadeh Kina, professeur de science politique spécialiste de l’Iran, déclare que le rôle des nouvelles générations de femmes revendicatives dans ces manifestations est inédit et que si le régime continue à violenter la population, on peut s’attendre à ce qu’il y ait une réaction aussi violente d’une partie de la société.
Pour le journaliste kurde, Behrouz Boochani, les manifestations actuelles voulant changer le système diffèrent du « mouvement vert » réformiste de 2009.
Behrouz Boochani écrit:
« Ces manifestations ont commencé au Kurdistan et se sont étendues à tout le pays, y compris à Téhéran.
Le mouvement de résistance qui a commencé au Kurdistan avec le slogan « Femmes, vie, liberté » a influencé tout le pays.
Les femmes mènent cette protestation et nous pouvons la décrire comme une révolution ou un mouvement féministe. Les femmes ont enlevé leur hijab et exprimé leurs demandes de liberté.
Le peuple iranien n’a pas été uni de la sorte au cours des quatre dernières décennies depuis la révolution islamique de 1979. Cette manifestation est la plus grande manifestation de l’histoire de la République islamique d’Iran.
La protestation est très différente du « mouvement vert » de 2009. Cette protestation vise à changer tout le système ; mais en 2009, les manifestations réclamaient surtout des réformes. Il s’agit donc d’une manifestation très historique et d’une importance cruciale. »
L’ONU se dit inquiète de la répression des manifestants en Iran
«La Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme par intérim, Nada Al-Nashif, a exprimé aujourd’hui son inquiétude face à la mort en détention de Mahsa Amini et à la réaction violente des forces de sécurité aux manifestations qui ont suivi», souligne un communiqué du Haut-Commissariat qui demande une enquête «rapide, impartiale et efficace par une autorité compétente indépendante, qui veille, en particulier, à ce que [la famille de Masha Amini] ait accès à la justice et à la vérité.»
Les manifestations anti-régime se poursuivent au Kurdistan iranien depuis quatre jours. Plusieurs manifestants ont été tués, des centaines d’autres ont été arrêtés, d’autres blessés dans les villes kurdes par les forces armées iraniennes.
Mahsa (Jina) Amini était une jeune Kurde de 22 ans. Elle a été tuée par la police des mœurs à Téhéran car « mal voilée». Alors que le régime iranien prétendait qu’elle était morte à cause des problèmes de santé antérieurs, un scanner du crâne de Jina Amini montre une fracture osseuse, une hémorragie et un œdème cérébral.