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« La Turquie veut former une région sunnite en Irak »

Enhardie par la guerre syrienne qui lui a permis d’occuper, voire annexer, plusieurs régions syriennes, dont les canton kurde d’Afrin, la Turquie s’apprête à faire de même en Irak alors que le pays traverse une longue crise politique. Elle a d’ores et déjà installé des dizaines de bases militaires au Kurdistan irakien et à Bachiqa, à deux pas de Mossoul, zone riche en pétrole, arme des milices turkmènes à Kirkouk et déclare qu’ils vont prendre Mossoul, Kirkouk et Erbil (Hewler) qui seraient des territoires turcs perdus à la chute de l’empire ottoman…
 
« La Turquie veut former une région sunnite en Irak »
L’analyste politique irakien, Riyad Al-Wahaili, a déclaré que la visite du chef des services turcs de renseignement (MIT), Hakan Fidan, à Bagdad vise à établir une entité sunnite en Irak qui garantisse ses intérêts.
 
Samedi, le chef des services de renseignement turcs, Hakan Fidan, s’est rendu dans la capitale irakienne, Bagdad, au cours de laquelle il a rencontré le Premier ministre par intérim, le président du Parlement Muhammad al-Halbousi, et un certain nombre de responsables irakiens, devant le chef de la Coalition pour la souveraineté, Khamis al-Khanjar, a visité son contenu est révélé.
 
Qui est Khamis al-Khanjar ?
 
Khamis Farhan Al-Khanjar Al-Issawi est un homme d’affaires et millionnaire irakien qui jouit d’un grand pouvoir aux niveaux irakien et régional.
 
En octobre 2015, un tribunal irakien a émis un mandat d’arrêt contre al-Khanjar, originaire de la ville de Fallujah, conformément à la loi antiterroriste et a décidé de confisquer son argent dans le pays.
 
A cette époque, la justice irakienne a également décidé de saisir les fonds mobiliers et immobiliers de Khanjar, après qu’il ait été accusé de soutenir le terrorisme.
 
En 2014, al-Khanjar a financé une force de 3 000 militants formés par la Turquie (les forces des gardes de Ninive) sous prétexte de combattre l’EI.
 
En 2019, les États-Unis ont imposé des sanctions à al-Khanjar pour corruption, ainsi qu’à 3 chefs de milice irakiens accusés d’avoir tué des manifestants et d’avoir violé les droits humains.
 
Et une déclaration du Trésor américain à l’époque citait un ancien haut responsable du gouvernement irakien, l’influence d’Al-Khanjar est principalement due à sa volonté et à sa capacité à utiliser sa richesse pour soudoyer les autres.
 
Le communiqué du département du Trésor indique qu’al-Khanjar a fourni d’importantes sommes d’argent à des personnalités politiques irakiennes afin de mobiliser des soutiens et d’obtenir la nomination d’un de ses candidats à un poste au sein du gouvernement irakien.
 
Une visite dépassant les normes diplomatiques
 
Al-Khanjar dirige l’Alliance de souveraineté, qui a été formée le 25 janvier 2022, et se compose de l’alliance « Progrès » dirigée par Muhammad al-Halbousi et de l’alliance « Azm » dirigée par Khamis al-Khanjar.
 
Al-Khanjar avait déjà rencontré le chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan, et il défend les intérêts turcs en Irak et aspire à établir une région sunnite et à être un représentant des sunnites irakiens.
 
L’analyste politique irakien, Riyad Al-Wahaili, s’est exprimé auprès de notre agence au sujet de cette visite : « La visite a dépassé les normes diplomatiques en tant que directeur du renseignement, et il rencontre des personnalités représentant des blocs politiques, et ces personnalités qui le rencontrent représentent clairement la dépendance de ces chiffres sur l’axe turc. »
 
Cette visite est la première du genre après le massacre commis par la Turquie lors du bombardement d’une zone touristique à Zakho, dans le gouvernorat de Dohuk, en plus elle coïncide avec les bombardements continus menés par la Turquie sur le territoire irakien.
 
Al-Khanjar rencontre Masoud Barzani après avoir rencontré Fidan
 
Cette visite intervient à la lumière d’une crise politique irakienne, dont l’une des principales causes est des facteurs externes, la Turquie cherchant à avoir une influence et une part politique similaire à celle de l’Iran.
 
Suite à la visite du chef des renseignements turcs, le chef de la Coalition pour la souveraineté et son partenaire, le président du Parlement, se sont rendus à Erbil, où ils ont rencontré leur allié, le chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani.
 
Al-Wahaili a souligné que « Hakan veut avoir la voie politique de la composante sunnite en Irak entre ses mains, il veut donc faire pression sur les autres parties impliquées dans le processus politique pour le bien des gains turcs en Irak, d’autant plus que les dialogues prendront place afin de former le prochain gouvernement et de dessiner des visions politiques pour la prochaine étape».
 
Il a ajouté : « Il y a une opinion indiquant que la Turquie cherche à former une région sunnite en Irak et à y garantir ses intérêts, d’autant plus que la Turquie cherche à faire passer la route de l’énergie vers l’Europe».
 
Les interférences externes entravent les solutions
 
Concernant le bras de fer engagé entre le mouvement sadriste et le cadre de coordination, l’analyste irakien a déclaré : « Il y a une insistance de la part des dirigeants du cadre de coordination pour tenir une session du parlement (…) aussi pour terminer les consultations avec les blocs politiques afin de tenir une session avec un quorum complet et inclure Al-Sadr dans le cabinet. La crise politique actuelle et le blocage politique [résultent] des résultats des élections controversées et de l’ingérence étrangère dans [les affaires] irakiennes. »
 
Il a ajouté que la solution à la crise irakienne réside dans un consensus accepté par tous les partis politiques irakiens garantissant les droits constitutionnels et permettant le vote du budget fédéral.