Il y a 39 ans, le 31 juillet 1983, 8000 hommes de la tribu Barzan, âgés de 10 à 85 ans ont été déportés vers les déserts du sud irakien où ils ont été enterrés vivants. Saddam Hussein voulait « éradiquer une fois pour toutes ce foyer de rébellion contre l’Etat irakien». Ce fut le début de la campagne génocidaire (al-Anfal) visant les Kurdes ordonnée par Saddam Hussein qui a duré jusqu’en septembre 1988 et qui s’est soldée par la mort de plus de 182 000 civils kurdes à travers le Kurdistan irakien. Le plus connus de ces massacres étant le gazage d’Halabja.
Enterrés vivants dans des fausses communes
Le 31 juillet 1983, environ 8 000 membres de la tribu Barzani ont été arrêtés, enlevés de leurs maisons dans les montagnes de Zagros et emmenés dans les déserts du sud de l’Irak où ils ont été tués sur ordre du régime Baath.
Grâce au témoignage d’un survivant, un adolescent de 14 ans à l’époque, Timour, donné pour mort qui à la nuit tombée a réussi à ramper jusqu’à un campement nomade arabe où il a été accueilli et grâce aussi aux archives irakiennes saisies après la chute du dictateur irakien, certaines de ces fosses communes ont pu être localisées et des équipes de recherche ont pu déterrer plusieurs centaines de ces Barzanis. Identifiés par leurs costumes typiques ils ont été rapatriées au Kurdistan où ils reposent dans un cimetière-mémorial de Barzan. En 2011, la Cour suprême irakienne a reconnu ce massacre de civils comme un crime de génocide. (Institut kurde de Paris)
Les restes de 596 Barzanis ont été retrouvés dans des fosses communes dans le sud de l’Irak. Ils ont été renvoyés chez eux, dans la région de Barzan, où ils ont été inhumés dans des tombes anonymes, sans être identifiés par des tests ADN. Des milliers d’autres sont toujours portées disparues.
Les restes de 100 victimes sont arrivés à l’aéroport d’Erbil
Les corps de 100 victimes sont arrivés samedi à l’aéroport international d’Erbil de la région du Kurdistan. Ils seront inhumés aujourd’hui (dimanche) dans la région de Barzan, au pied des montagnes Zagros.
Jeanine Hennis-Plasschaert, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour l’Irak et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak (UNAMI), a participé samedi à une cérémonie spéciale pour le retour de la dépouille de 100 victimes du génocide des Barzan assassinées par le régime de Saddam Hussein en 1983.
« Nous sommes ici pour commémorer, avec une grande tristesse, la disparition forcée – il y a 39 ans – de 8 000 hommes et garçons barzani. Ils ont disparu, pour ne plus jamais être revus », a déclaré l’envoyée de l’ONU, Jeanine Hennis-Plasschaert, dans son discours.
« Et alors que nous nous souvenons de ceux qui ont tragiquement perdu la vie, nos pensées vont également à leurs familles et amis. À ce jour, beaucoup d’entre eux attendent toujours que la vérité éclate, s’étant cruellement vu refuser la possibilité de faire reposer leurs proches », a-t-elle déclaré.
« Il n’y a tout simplement pas de mots qui puissent décrire les sentiments de profond désespoir. Aujourd’hui, nous commémorons également le retour de 100 Barzanis, le troisième du genre. Entre 2004 et 2005, 500 êtres chers disparus ont été renvoyés dans leurs foyers ancestraux
En 2011, 93 autres personnes ont été ramenées à leur dernière demeure. Et pendant que la recherche se poursuit, nous exprimons notre espoir que tous les derniers père, frère, oncle et fils seront retrouvés », a-t-elle ajouté.
Hennis-Plasschaert a également souligné que la cérémonie a servi « de rappel brutal » que de tels actes horribles ne se répéteront jamais.
De plus, elle a ajouté que les victimes devraient être honorées en travaillant ensemble.
« C’est le seul moyen de commencer à panser les blessures profondes laissées par des décennies de conflits et de divisions, de créer les conditions permettant à tous de prospérer, en toute sécurité, dans le respect les uns des autres. »
Kurdistan 24