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L’Iran étend son influence dans le sud de la Syrie au milieu des discussions sur un possible retrait russe

En Syrie, il n’y a pas que le front kurde menacé d’invasion par la Turquie, il y a également une menace d’expansionnisme iranien dans la foulée d’un retrait éventuel de la Russie engagée sur le front ukrainien. Le site North Press cite des chercheurs et journalistes pour dire que l’Iran travaille activement pour pérenniser sa présence en Syrie, y compris en investissant dans le trafic de drogue, pas forcement dans l’intérêt des Syriens…
 
Les événements se sont récemment accélérés dans le sud de la Syrie après que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que les forces de son pays en Syrie n’avaient plus de missions militaires.
 
Les déclarations de Lavrov sont venues en réponse à la position israélienne concernant l’attaque russe contre l’Ukraine et aux menaces turques de lancer une opération militaire dans le nord de la Syrie.
 
L’Iran n’a pas manqué l’occasion de répondre aux déclarations de Lavrov par des tentatives d’accroître sa présence dans le sud de la Syrie et de poursuivre sa stratégie expansionniste. Cette stratégie est évidente dans le soutien de l’Iran à certains gangs armés à Suwayda et dans sa tentative de consolider son implantation à Deraa en établissant des usines de fabrication de captagon.
 
Depuis les premiers jours où la Russie est entrée dans le sud de la Syrie, fin 2017, l’influence iranienne est devenue évidente dans le sud de la Syrie, la Russie leur permettant d’étendre leur présence à Deraa et à Quneitra et d’établir des postes militaires.
 
L’intervention de la Russie dans le sud de la Syrie a eu lieu après un accord signé entre les États-Unis, la Russie et Israël. L’un des termes était d’empêcher toute présence iranienne dans la région. La Russie a d’abord nié toute présence iranienne, mais plus tard, certains rapports et photos ont révélé la présence iranienne à Daraa et à Quneitra.
 
Malik Abu Khair, secrétaire général du parti syrien al-Liwa, a déclaré à North Press : « La présence russe dans le sud est faible et pas assez forte pour en faire un médiateur et un garant de la situation, et dissuader la présence iranienne croissante. ”
 
Il a ajouté que la Russie était la « meilleure couverture » pour les Iraniens du sud de la Syrie face aux attaques israéliennes, et « parler du retrait russe aujourd’hui est ce qui effraie le plus les Iraniens ».
 
Fin 2017, la Russie, les États-Unis et la Jordanie ont conclu des accords pour maintenir les milices iraniennes à 70 km des frontières jordaniennes.
 

Les craintes d’expansion

Cependant, ces accords n’ont pas été mis en œuvre et, de plus, la présence iranienne aux côtés du Hezbollah libanais a augmenté depuis lors, ce contre quoi le roi jordanien a mis en garde.

Dans une interview avec HR McMaster à Washington DC, pour la série Battlegrounds de la Hoover Institution de l’Université de Stanford, le roi jordanien Abdallah II a déclaré que la présence russe dans le sud de la Syrie était une source de calme et que s’ils partaient, « ce vide sera comblé par les Iraniens et leurs mandataires », ce qui pourrait entraîner « une escalade des problèmes à nos frontières ».

Ahrar Horan, une institution médiatique indépendante qui couvre le sud de la Syrie, a déclaré dans un rapport publié il y a quelques jours que les milices iraniennes « ciblent les dirigeants et les membres de la huitième brigade [soutenue par la Russie]… pour pousser la Russie à dissoudre cette brigade, ce qui permettre à ces milices de prendre le contrôle de la campagne orientale de Deraa, adjacente à la campagne occidentale de Suwayda. »

Hussam al-Baram, chercheur et journaliste résidant en France, a déclaré que ce qui fait craindre à la Jordanie, c’est que l’Iran pourrait transformer le sud de la Syrie en une base à partir de laquelle il pourrait se déplacer vers la Jordanie.

Al-Baram estime que « le passage de l’Iran depuis le sud de la Syrie doit compléter le Croissant chiite, car il se termine en Jordanie. »

Le Croissant chiite est un projet iranien qui vise soi-disant à construire une ceinture idéologique de gouvernements chiites en Irak, en Syrie, au Liban et dans la région du golfe Persique.

L’Iran recrute les habitants de la région dans le trafic de drogue, maintenant ainsi sa permanence et sa continuité dans la région, selon le politologue.