« Beaucoup de gens utilisent les mots liberté, égalité et démocratie ; mais bien peu sont prêts à consacrer leur temps, leur énergie et leur argent à ces idées. Osman Kavala est l’un d’eux. Il a dédié sa vie entière à la liberté, l’égalité et la démocratie. Il est le véritable ami des Kurdes et des Arméniens, des défavorisés et des opprimés, des Arts et des artistes, de la culture, de la terre et des arbres… Il a toujours été et restera toujours le véritable ami de la vérité.
Les seules personnes qui méritent d’être jugées dans un tribunal pour ce qui s’est passé à Gezi, ce sont les policiers et la violence avec laquelle ils ont tué des civils, dont un jeune de quatorze ans, et en ont blessé des milliers. Et bien sûr ceux, quels qu’ils soient, qui ont donné l’ordre d’agir avec une telle violence. »
Aslı Erdoğan, le 26 avril 2022
Traduit par Cécile Oumhani
Le PEN Club français dénonce avec la plus grande vigueur le verdict injuste prononcé à Istanbul contre Osman Kavala, condamné lundi 25 avril 2022 à la prison à vie.
Il dénonce aussi le verdict prononcé le même jour contre ses sept coaccusés, Mücella Yapici, Can Atalay, Çiğdem Mater, Tayfun Kahraman, Hakan Altinay, Yigit Ekmeçi et Mine Özerdem, condamnés à une peine de dix-huit ans de prison et mis en état d’arrestation. Il leur était reproché d’avoir apporté leur soutien à Osman Kavala.
Le PEN Club français exige la libération immédiate d’Osman Kavala et de ses sept coaccusés.
Il dénonce ce qui est une très grave atteinte aux droits humains et à la démocratie.
Très engagé dans la défense des droits à la culture et des droits humains, Osman Kavala avait créé en 2002 le centre culturel Anadolu Kültür dans la ville majoritairement kurde de Diyarbakir. Avec son équipe, où l’écrivaine Asli Erdogan s’était aussi engagée, il mettait en avant la culture kurde ainsi que la culture arménienne. Anadolu Kültür rayonnait sur l’ensemble de la Turquie et œuvrait pour que la diversité culturelle soit reconnue comme une richesse.
Osman Kavala a beaucoup agi pour la reconnaissance du génocide arménien.
Il a également fondé plusieurs maisons d’édition, dont Ilitesim Yayinlari, dans un esprit de changement de la société et de défense de la démocratie après le coup d’état de septembre 1980.
Osman Kavala a été arrêté le 18 octobre 2017, plus d’un an après le coup d’état manqué de juillet 2016. Il était accusé d’avoir cherché à renverser le gouvernement en s’impliquant dans les manifestations du parc de Gezi en 2013. Acquitté le 18 février 2020, il était réarrêté aussitôt et réincarcéré à la prison de Silivri. En janvier 2021, l’acquittement était annulé par un tribunal d’Istanbul.
En 2019, la Cour européenne des droits de l’Homme avait dénoncé son arrestation et son emprisonnement et appelé la Turquie à la libération d’Osman Kavala.
Le 26 avril 2022