Selahattin Demirtaş, ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP) emprisonné depuis novembre 2016, a interpellé le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a récemment exprimé ses doutes de manière sarcastique quant à savoir si les partisans de Demirtaş avaient encore de la force pour organiser des rassemblements. (Alors que par ailleurs, il a interdit tous les rassemblements du HDP et qu’il a fait emprisonné des milliers de politiciens et militants du HDP dans tout le pays!)
Répondant à une question des médias mercredi, Erdoğan avait déclaré: « La personne emprisonnée à Edirne dit : ‘Rassemblez-vous, organisez des rassemblements unis.’ Eh bien, pourquoi n’organise-tu pas ton propre rassemblement au lieu de dire de telles choses ? Adresse-toi d’abord à tes propres partisans. Tes partisans ont-ils encore la force d’organiser des rassemblements ? »
Demirtaş a rapidement répondu par un message, qui a été publié par ses avocats sur son compte Twitter, disant :
« Erdoğan a exprimé son inquiétude à propos d’un problème concernant l’organisation d’un rassemblement. En fait, HDP organise des rassemblements tout le temps. Mais si vous en avez vraiment envie, je vous mets au défi. Laissez-moi sortir de prison pour seulement deux heures et me rendre sur la place de Yenikapı [à Istanbul] avec un haut-parleur. Et vous allez au même endroit le lendemain avec toutes les commodités de l’état. Que celui qui a réuni une seule personne de moins quitte la politique. Es-tu partant? »
Alors que le tweet de Demirtaş a reçu plus de 44 000 « j’aime » en quelques heures, il n’y a eu aucune réponse du président Erdoğan ou de son parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir. (Actuellement, sur Twitter, il y a un hashtag #DemirtaşMitingYaptır demandant à Demirtas de faire un meeting.)
Demirtaş reste emprisonné malgré une décision de 2018 de la Cour européenne des droits de l’homme qui a déclaré que son emprisonnement avait « l’objectif ultérieur d’étouffer le pluralisme et de limiter la liberté de débat politique », et qui a demandé sa libération immédiate.