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FRANCE. A quand des rues portant les noms des 3 femmes kurdes assassinées à Paris?

PARIS – Le 9 janvier 2013, Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Soylemez, trois militantes kurdes, étaient assassinées ensemble à Paris par un membre des renseignements turcs (MIT) selon de nombreux éléments de l’enquête fuités dans la presse. Malgré cela, les autorités françaises n’ont toujours pas rendu justice au peuple kurde 8 ans après ce triple assassinat politique commis sur le sol français car les intérêts étatiques entre la France et la Turquie sont autrement plus importants que la quête de justice d’un peuple apatride.
 
Malgré ces obstacles de taille, les proches des 3 victimes et les organisations kurdes d’Europe, ainsi que leurs amis militent activement pour obtenir justice sur ce dossier pour le moment relevant de « raison d’État ». Après la mort en décembre 2016 d’Omer Guney, le tireur présumé arrêté en France en lien avec ce triple meurtre, quelques semaines avant le début du procès prévu le 23 janvier 2017, on croyait l’affaire close.
 
En effet, bien que la justice française s’est empressée de classer aussitôt l’affaire, les avocats des familles des victimes sont intervenus, rappelant que, même si celui qui tué les 3 femmes est décédé, les commanditaires de ce triple meurtre ne le sont pas et qu’ils sont étroitement liés aux services secrets turcs. Ainsi, les familles des trois victimes se sont constituées partie civile en 2018 et ont réussi à ce qu’en mai 2019, l’affaire soit relancée « pour les faits de complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs terroriste criminelle ». « L’enquête judiciaire a mis en évidence que l’un des mobiles les plus plausibles de ce triple assassinat pouvait être mis en relation avec les activités supposées d’Ömer Güney en France au sein des services secrets turcs [MIT], » écrivait d’ailleurs la juge d’instruction chargée du dossier.
 
Mettre fin à la criminalisation du PKK et des militants kurdes en Europe
 
En parallèle à la quête de justice, les organisations kurdes militent également pour mettre fin à la criminalisation des militants kurdes en Europe, où dans de nombreux pays dont la France et l’Allemagne notamment, le PKK est classé comme organisation terroriste, malgré la décision de janvier 2021 de la Cour de cassation de Belgique qui confirmait le jugement de la juridiction inférieure et a déclarait que le PKK n’était pas une organisation terroriste, ajoutant que la lutte armée du PKK au Kurdistan du Nord est « le conflit intérieur de la Turquie ».
 
A l’occasion du 43e anniversaire de la naissance du PKK, de nombreux événements ont eu lieu ces derniers jours en Europe lors desquels, les organisateurs et les intervenants kurdes ou non ont exhorté les États européens à revoir leur politique anti-PKK et à militer pour une résolution pacifique de la question kurde qui a fait plus de 40 000 victimes en Turquie.  
 
Un de ces évènements a eu lieu à Rennes auquel participait Remzi Kartal, co-président du Congrès du Peuple du Kurdistan (Kongra Gelê Kurdistan – KONGRA GEL), qui a réitéré sa demande de libération d’Abdullah Ocalan et le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes. A cette occasion, Remzi Kartal fut interviewé le 25 novembre dernier par André Métayer, le président de l’association Amitiés kurdes de Bretagne.
 
Des rues portant les noms de Sara, Rojbîn et Ronahî* assassinées sur le sol français

André Métayer rapporte que « lors de l’entretien avec Remzi Kartal fut évoqué l’assassinat de Rojbîn et la nécessité de continuer à interpeller le gouvernement français sur son attitude, qui consiste à bloquer les investigations de la justice concernant le triple assassinat commis sur son sol le 9 janvier 2013. Afin de relancer l’action une suggestion a été faite: proposer aux collectivités locales qu’une rue, qu’un square, qu’une place, rappelle ce crime perpétré sur le sol français, une violence extrême faite à des femmes assassinées pour leurs idées. Pourquoi pas une rue Rojbîn Doğan à Rennes, où elle fut très présente et à Strasbourg, où elle a vécu avec sa famille ? »

En effet, c’est le moindre des choses de voir des rues en France portant les noms de Sara, Rojbîn et Ronahî assassinées sur le sol français en attendant que la justice leur soit rendue.
*Sara, Rojbin, Ronahî sont les alias de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez.