TURQUIE / BAKUR – Alors qu’on célèbre la Journée mondiale de l’enfance ce 20 novembre, n’oublions pas que les droits les plus élémentaires des millions d’enfants, notamment des kurdes et des réfugiés syriens, sont bafoués en Turquie. Ils sont exploités dans des emplois précaires, privés d’éducation dans leur langue maternelle, victimes d’abus sexuels, viols ou de mariages forcés, et parfois même mis en prison avec leurs mères.
Le HDP interpelle l’ONU, l’UNICEF et l’UNESCO
A l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, le vice-coprésident du HDP responsable de la Commission des politiques linguistiques, culturelles, artistiques et éducatives, Salim Kaplan, a envoyé une lettre à diverses institutions internationales, notamment au Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant, au Comité de l’APCE sur l’égalité et la non -Discrimination, à l’UNESCO et à l’UNICEF pour leur faire part que « Les droits les plus élémentaires des enfants sont bafoués en Turquie ».
Le HDP déclare que « la Turquie viole les trois droits les plus importants qui affecteront l’existence matérielle, morale, culturelle et sociale de l’enfant, avec trois réserves faites aux articles 17e, 29e et 30e de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Celles-ci conduisent l’enfant, sujet social, à être privé de ses droits en ignorant son passé et en faisant obstacle à son avenir. Maltraitance des enfants, discrimination et violence contre les filles, travail des enfants, enfants réfugiés, enfants handicapés, enfants en prison, enfants en proie à la guerre et à la violence physique, augmentation de nombre d’enfants consommant des produits créant des dépendances (drogues, alcool…) en raison des conditions sociales et économiques, violation du droit des enfants à l’éducation dans leur langue maternelle (kurde) qui subissent également des politiques d’assimilation forcées en Turquie. »
Ces 10 dernières années, 64 enfants ont été tués par balle par les forces étatiques
Un rapport récent de l’Association des droits de l’homme (İHD) de Turquie indique que le droit à la vie des enfants a été fréquemment violé par l’armée et la police turques au cours des 10 dernières années, au cours desquelles 64 enfants ont été tués par balle par les forces de l’État. L’İHD avait précédemment signalé 20 autres incidents au cours desquels des enfants avaient été tués par des véhicules blindés de la police et de l’armée entre 2008 et 2021.
Toujours selon l’İHD, 62 enfants ont été tués lors d’attentats à la bombe entre 2011 et 2021. Parmi ceux-ci, 19 enfants ont été tués lors du massacre de Roboski le 28 décembre 2011, lorsqu’un groupe d’enfants kolbars kolbars (commerçants frontaliers – faisant généralement le commerce de denrées alimentaires) la frontière irakienne avec la Turquie ont été bombardés par des avions de guerre turcs. Lors d’un autre incident, 34 enfants ont été tués par une bombe qui aurait été placée par l’État islamique (EI) dans la province d’Antep (Dîlok), lors d’un mariage kurde, le 20 août 2016.
345 enfants âgés de 0 à 6 ans sont en prison avec leurs mères
Un autre problème des enfants nécessitant une révision urgente en Turquie est celui des bébés et des jeunes enfants mis derrière les barreaux aux côtés de leurs mères. Dans un communiqué publié en mars 2021, le ministère turc de la Justice a annoncé qu’à l’époque, il y avait 345 enfants âgés de 0 à 6 ans dans les prisons de Turquie.
Les enfants travailleurs
Un rapport de 2019 de l’Institution turque des statistiques (TÜİK) a indiqué qu’il y avait 720 000 enfants travailleurs de moins de 17 ans, mais le Parti démocratique des peuples (HDP) a déclaré vendredi dans un communiqué que le nombre réel d’enfants travailleurs est actuellement d’environ 2 millions.
Selon les données du TÜİK, 15,9 % des enfants qui travaillent ont entre 12 et 14 ans, 4,4 % entre 5 et 11 ans et le reste entre 15 et 17 ans.
Un rapport de juin 2021 de l’Assemblée pour la santé et la sécurité au travail (İşçi Sağlığı ve İş Güvenliği – ISIG) indique qu’au cours des huit dernières années, 513 enfants sont morts au travail, dont 58 enfants de familles de réfugiés. Selon le rapport, 294 personnes sont décédées dans des emplois agricoles et forestiers, 50 dans la construction et 37 dans la ferronnerie.
Enfant victimes de crimes sexuels
Les données fournies par le ministère turc de la Justice révèlent que plus de 46% des affaires judiciaires concernant des infractions sexuelles en 2019 consistaient en des infractions contre des enfants.
Pendant ce temps, en 2020, selon le TÜİK, 17 047 filles âgées de 16 à 17 ans étaient mariées et 9 714 âgées de 15 à 17 ans et 142 de moins de 15 ans ont accouché.
Le taux de scolarisation des filles dans le primaire serait passé de 98,9 % en 2012 à 93,1 % en 2020.
Enfants privés d’éducation dans leur langue maternelle
Un autre problème majeur pour les enfants en Turquie est le fait que le turc est la seule langue d’enseignement dans le pays, excluant ainsi des millions d’enfants de langue kurde, et ces dernières années en particulier, des centaines de milliers d’enfants réfugiés (syriens) de l’éducation de leur langue maternelle (arabe).