PARIS – Le 9 octobre dernier, l’Institut kurde de Paris organisait un colloque sur la situation humanitaire et écologique dans les régions kurdes de Syrie / Rojava occupées par la Turquie et ses gangs islamistes.
Lors du colloque, trois juristes syriens ont présenté des preuves des crimes de guerre et crimes contre l’humanité – dont le nettoyage ethnique des Kurdes, féminicides, viols systémiques, kidnappings, meurtres, expropriations, destructions, pillages… commis par les forces turco-jihadistes à Afrin, Girê Spî / Tel Abiad et Serê Kaniyê / Ras al-Ain.
Quant à Caroline ALLIBERT-DELESTRAS, juriste spécialisée sur les crimes sexuels commis lors de conflits armés, elle a déclaré qu’on assistait à une relation de pouvoir exercée par le régime turc sur les territoires kurdes en Syrie à travers les crimes sexuels commis sur des femmes, des enfants et des hommes. Elle a rappelé que ces crimes sexuels ont souvent été négligés sur la scène internationale.
Gérard Chaliand, Rémi Féraud, Kendal Nezan, Azad Afrînî, Alexandre Koroglu
Dans la deuxième partie du colloque, le médecin et activiste Azad Afrînî a énuméré tous les crimes commis par la Turquie et ses gangs à Afrin, tandis que le Président de l’ONG humanitaire Roja Sor – Soleil Rouge, le cardiologue Alexandre Koroglu a informé l’auditoire de la situation sanitaire au Rojava où le Covid19 fait de nombreuses victimes alors que la population est privée d’aide médicale soumise à l’embargo turco-syrienne…
Que peuvent faire la France et l’Union Européenne?
L’eau, une arme de guerre silencieuse à l’efficacité redoutable
Ce 9 octobre, on apprenait également que l’utilisation de l’eau comme arme de guerre entre les mains de la Turquie faisait des ravages dramatiques au Rojava. En effet, le géopoliticien Gérard CHALIAND, qui a assisté au Forum international de l’eau qui s’est tenu au Rojava fin septembre dernier, a déclaré que la mise à l’arrêt de la station d’Alouk à Serêkaniyê – alimentant la région d’Hasekê avait provoqué des migrations importantes. Il déclaré que lors de son dernier voyage à Hasakê, il avait vu une région presque fantomatique car les gens privés d’eau étaient partis dans d’autres régions. Mais que le problème de l’eau ne se limitait pas seulement au Rojava car la Turquie contrôle l’Euphrate et le Tigre, deux fleuves importants du Moyen-Orient dont les dizaines de millions d’habitants d’Irak et de Syrie sont dépendants.
Gérard Chaliand a également déclaré que ni les États Unis, ni la Russie n’agissaient dans l’intérêts des peuples de la Syrie, que les deux États avaient été complices de la Turquie dans l’invasion d’Afrin (pour la Russie) et de Serê Kanîyê (pour les Etats-Unis). Il a insisté lourdement sur le fait qu’on devait agir rapidement pour empêcher la Turquie d’assoiffer le Rojava si on ne veut pas que la région se dépeuple à terme.
Ainsi, au Rojava et au Moyen-Orient, on assiste à un dépeuplement de la région à cause de l’absence de l’eau qui provoque des réfugiés climatiques, car qui dit absence d’eau, dit absence d’agriculture, absence de nourriture car dans ces régions arides, sans eau, on ne peut rien cultiver. Alors, les habitants du Rojava privés d’eau partent dans d’autres régions, sans que l’armée turque ait besoin de tirer une seule balle…
Les fleuves devenus un cauchemar pour les Kurdes
L’Euphrate et le Tigre qui prennent leurs sources au Kurdistan du Nord sous l’occupation turque ont été transformés en d’immenses barrages qui ont englouti des centaines de villages et villes dont la ville antique Hasankeyf. Ainsi, au nord, la Turquie chasse les Kurdes en inondant leurs maisons, au sud, elle les chasse en les assoiffant grâce aux nombreux barrages qu’elles a construits sur les fleuves kurdes du Bakûr.