« Ceux qui ont applaudi les Kurdes dans leur combat contre Daech ne devraient pas leur tourner le dos maintenant, mais protester contre les attaques de l’Etat turc », a déclaré le sénateur Pierre Laurent (Parti communiste français – PCF), qui est l’un des membres de la Délégation internationale pour la paix et la liberté au Kurdistan qui a réussi à arriver dans la ville d’Hewlêr (Erbil).
Des délégations de paix de divers pays européens s’étaient rendues au Kurdistan du Sud pour protester contre les attaques turques, exiger la fin des tensions internes kurdes et enquêter sur les attaques contre la population civile kurde du Sud. Des dizaines d’activistes en Allemagne ont été empêchés de quitter le pays, et des dizaines d’autres ont été expulsés par le PDK sud-kurde une fois arrivés à Hewlêr.
Commentant l’objectif de la délégation, Laurent a déclaré : « Nous sommes ici pour protester contre le silence de la presse en Europe et en France concernant ces attentats. Nous sommes venus sur les lieux des attentats pour montrer notre solidarité et exiger l’arrêt des attentats. Nous voulons recueillir des informations et briser le mur du silence en France et en Europe. »
Laurent a rappelé le combat des forces kurdes contre Daech et a poursuivi : « Si la Turquie attaque les Kurdes, il ne faut pas détourner le regard. Il y a une chance au sommet de l’OTAN d’aujourd’hui que la Turquie soit en mesure d’étendre l’attaque contre les Kurdes comme bon lui semble. En échange de négociations et de concessions, la Turquie pourrait être autorisée à attaquer comme elle le souhaite. Nous voulons attirer l’attention sur cela et affirmer haut et fort que cela ne doit pas arriver. »
« Les États européens ont travaillé dur pour bloquer les délégations »
Des dizaines d’activistes en Allemagne ont été empêchés de quitter le pays, et des dizaines d’autres ont été expulsés par le PDK du Kurdistan du Sud, qui collabore avec l’État turc. Laurent et ses camarades ont également été touchés par des mesures similaires. À l’aéroport de Doha, on leur a dit qu’ils n’étaient pas autorisés à entrer en Irak. Alors que Laurent a pu obtenir son entrée par le ministère des Affaires étrangères, son camarade français a été renvoyé. Laurent a déclaré : « Je sais que de nombreux militants de la délégation pour la paix n’ont pas réussi à se rendre à Hewlêr. Les États européens ont travaillé très dur pour bloquer ces délégations et j’appelle cela un scandale. »
Série de réunions
A Hewlêr, l’homme politique avait déjà rencontré dimanche des représentants de l’UPK, du mouvement Gorran et divers membres du parlement sud-kurde. Entre autres choses, la délégation a rencontré le ministre des Affaires étrangères en tant que représentant du PDK. En particulier, Laurent a évalué la rencontre avec le ministre des Affaires étrangères comme un fait positif car cela signifie qu’un dialogue avec la délégation a été effectivement autorisé. Cela est dû notamment à la réponse de la délégation en public et dans la presse en Irak et au Kurdistan du Sud. Cependant, le ministre n’a pas répondu aux questions de la délégation. Après d’autres réunions, une conférence de presse est prévue devant le bureau des Nations Unies pour montrer la solidarité internationale. Laurent explique : « Nous voulons voir par nous-mêmes les régions touchées par les attaques. » Dans la matinée, cependant, le PDK a empêché les membres de la délégation de tenir la conférence de presse devant les bureaux de l’ONU.
« L’OTAN doit appeler à la fin des attaques contre les Kurdes »
Laurent exige que le sommet de l’OTAN appelle la Turquie à arrêter les attaques contre le Kurdistan. Le politicien a souligné que sans la lutte des Kurdes, l’Occident n’aurait pas pu gagner contre DAECH. Il a également lancé un appel aux États : « La France, l’Allemagne et l’Europe devraient faire comprendre à la Turquie qu’ils ne veulent pas d’attaques contre le peuple kurde. »
« Personne n’a le droit de tourner le dos aux Kurdes »
Laurent a ajouté : « Je dis à tous ceux qui ont salué le courage et la résistance des combattants kurdes contre Daech, ne leur tournez pas le dos maintenant. Aujourd’hui, l’État turc attaque illégalement le peuple kurde, violant les conventions internationales. » Laurent rappelle également les liens entre la Turquie et l’État islamique et se déclare solidaire de la lutte kurde pour l’autonomie.