La revue A Contre Temps publiait en février dernier un entretient réalisé avec Gulistan Sido, coprésidente de l’Université du Rojava, une universitaire kurde polyglotte qui parle kurde, arabe et français et qui est une fervente défenseur du pluralisme linguistique et culturel, comme l’est toute l’administration autonome du Rojava. D’ailleurs, dans une région où vivent tant de peuples avec des croyances et cultures différentes, comment faire autrement? A moins de nier l’existence des peuples et des croyances, comme le font tous les États islamo-nationalistes du Moyen-Orient, dont les pires sont de loin la Turquie et l’Iran, sans parler des conflits ethno-confessionnels qui ont détruit l’Irak et le Liban.
Dans l’entretien publier sous le titre « Comment bâtir une université révolutionnaire au Rojava ? », Gulistan Sido met l’accent sur l’importance de l’ouverture vers les autres, ceux qui diffèrent de nous et qui nous enrichissent. La jeune femme cite un proverbe arabe qui dit « Apprends une langue, tu éviteras une guerre » et ajoute : « Ici, on ne peut donc pas vivre avec une seule culture. C’est pourquoi, quand j’ai commencé à l’Université du Rojava en tant que vice-présidente, nous avons décidé avec le reste de l’administration que j’allais m’occuper plus spécialement des relations interculturelles et internationales.
Au Rojava, il est donc très important de protéger et de faire respecter toutes les particularités afin de faire vivre les différentes cultures entre elles. Aller vers les autres, c’est aussi accepter de les écouter. Si ces relations interculturelles sont importantes chez nous, elles ne sont pas pour autant évidentes car les mentalités changent difficilement. Il nous faut cependant continuer à favoriser et à développer ces dialogues pour éviter la guerre. C’est pourquoi, quand je travaillais au TEV-DEM, l’on recevait beaucoup de tribus arabes et de délégations assyriennes. On rencontrait beaucoup d’amis arabes d’autres régions, comme celle de Raqqa. Il est très important pour nous d’entretenir ces relations, autrement les choses deviendront pires qu’en Irak ou au Liban ! »