IRAK – Jasb Hattab Aboud, le père d’Ali Jasb Hattab al-Heliji, un avocat des manifestants irakiens qui est porté disparu depuis 2019, a été assassiné hier. La famille de l’avocat qui cherchait leur enfant était menacée par des milices pro-iraniens d’Hachd al-Chaabi (Les Unités de mobilisation populaire).
« Le père d’Ali Jaseb a été assassiné. Il était à la recherche de son fils disparu depuis 18 mois. Ali Jaseb, un avocat de 29 ans qui représentait des manifestants détenus en Irak, a été enlevé le 8 octobre 2019 par des membres présumés des milices [pro-Iran] de l’UPM/FPM.
Le père d’Ali Jaseb savait qu’il risquait sa vie en s’élevant contre les milices toutes puissantes soutenues par l’Iran qui ont enlevé son fils et assassiné des centaines de manifestants et de militants en toute impunité en Irak. Aujourd’hui, ce risque est devenu une horrible réalité et il a lui aussi été assassiné », a écrit hier Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.
Il y a plus d’un ans, Amnesty exigeait des autorités irakiennes de mettre fin aux disparations forcées des manifestants et leurs défenseurs à l’occasion du premier anniversaire de la disparation d’Ali Jaseb: « Le 1er octobre 2019, des manifestations de masse ont éclaté dans tout l’Irak, alimentées par des taux de chômage élevés et des perceptions d’une corruption généralisée. Des manifestants pacifiques ont été confrontés à une force illégale et excessive, notamment des gaz lacrymogènes, des balles réelles et des tirs de tireurs d’élite. Outre les meurtres illégaux de manifestants, les forces de sécurité irakiennes ont battu, arrêté et fait disparaître de force des militants, des avocats et des journalistes. Il y a eu plus de 400 décès documentés et plus de 19 000 blessés depuis octobre.
Amnesty International documente des cas d’enlèvement et de disparition forcée d’activistes et de journalistes depuis le début des manifestations. Dans le cas d’Ali Jaseb Hattab al-Heliji, sa famille a signalé l’incident au poste de police local ainsi qu’au service de sécurité nationale irakien (Amn al-Watani). Au départ, les autorités locales ont dit à sa famille qu’elles avaient ouvert une enquête, mais après que le père eut intenté une action en justice devant le Tribunal fédéral de Bagdad, la police a affirmé qu’elle n’avait pas reçu d’ordonnance de justice pour enquêter. »