FEMMES. Puisque nous célébrons la Journée internationale des droits des femmes ce 8 mars, donnons la parole à une jeune militante belge d’originekurde qui nous décrit le monde dans lequel elle aimerait vivre en tant que femme.
Je rêve d’un monde…
Depuis plus de 100 ans, le 8 mars, nous célébrons la lutte des femmes partout à travers le monde. Aujourd’hui encore, les inégalités de genre persistent et nous avons toujours autant de raisons de nous retrouver dans les rues à cette date symbolique afin de soutenir les luttes féministes.
Je rêve d’un monde dans lequel le système ne serait pas fondé sur des relations de domination, d’un monde dans lequel nous ne parlerions pas d’Hommes pour citer l’Humanité, d’un monde où seul le nom du père, par l’enfant ne serait porté, d’un monde où la règle de grammaire en langue française ne serait pas que le masculin l’emporte sur le féminin.
Je rêve d’un monde où les femmes pourraient disposer librement de leur corps et de leur vie.
Je rêve de ce monde où l’accès à l’avortement ne serait pas menacé, où on laisserait tranquilles ces femmes qui ne veulent être mères ou se marier.
Je rêve de ce monde où les femmes n’auraient pas peur de se trouver dans l’espace public quand elles le voudraient. Je rêve de ce monde où, lorsqu’une femme se ferait agressée sexuellement, on ne lui demanderait pas comment elle était habillée.
Je rêve d’un monde où on ne crierait pas au scandale pour un burkini et à la provocation pour une mini-jupe.
Je rêve d’un monde où, chaque année, nous n’aurions pas à dénombrer les victimes de féminicides, où le viol et l’esclavage sexuel ne seraient pas utilisés comme armes de guerre, où la virginité des filles ne serait pas l’affaire de tous, où ces dernières ne seraient pas les garantes de l’honneur des hommes de leur famille.
Je rêve d’un monde où les tâches ménagères seraient équitablement réparties, un monde où les femmes n’auraient pas l’obligation d’être des mamans parfaites, des épouses dévouées, des actrices porno dans l’intimité, de bonnes ménagères, des femmes toujours jeunes, belles et apprêtées.
Je rêve d’un monde où toutes les filles auraient accès à l’éducation, accès aux études supérieures avec ou sans foulard sur la tête, où chacun et chacune ne serait pas dirigé·e vers des filières d’étude « spécifiques » à son genre, où toutes et tous porteraient les vêtements désirés, pratiqueraient le sport aimé, auraient les jouets souhaités.
Je rêve d’un monde où les femmes auraient le même salaire que les hommes pour le travail effectué, où elles auraient des postes à responsabilité bien mérités, où elles n’essuieraient pas des remarques sexistes si elles venaient à monter, je rêve d’un monde où ce plafond de verre cesserait d’exister.
Je rêve d’un monde où l’acceptation des couples de femmes ne servirait pas qu’à nourrir les fantasmes des hommes hétérosexuels intolérants à l’homosexualité masculine. Je rêve d’un monde où les personnes transgenres ne se feraient pas violenter par des hommes cisgenres qui verraient en eux des déséquilibrés, je rêve d’un monde où toute personne qui ne réponde pas à la norme ne serait pas qualifiée d’étrangeté.
Je rêve d’un monde où on nommerait correctement cette journée du 8 mars comme la journée de lutte pour les droits des femmes.
Je pourrais encore citer pléthore de rêves mais rien ne vaut d’être éveillée pour les réaliser.
Le système patriarcal, socle du monde capitaliste fait subir des violences systémiques, exploite les femmes et leur corps ainsi que toutes les personnes ne répondant pas aux normes hétéro-patriarcales.
Ce 8 mars appelle à la convergence des luttes, à l’union des féminismes pour améliorer la condition humaine. Car oui, le féminisme, ce n’est la domination des femmes sur les autres individus mais c’est la lutte pour la liberté et les droits égaux pour tous les êtres humains.
Que cesse la honte et la culpabilité qui est sans cesse placée sur les épaules des femmes. Que cesse les idées que les unes sont soumises ou que les autres sont trop libérées. Que cesse l’imagination que les hommes n’ont pas leur rôle à jouer.
Les femmes sont appelées à l’auto-détermination, elles n’ont besoin de personne pour se défendre.
Ne soyons pas des féministes qui entrons dans les rangs du système, soyons les féministes qui faisons bouger ceux-ci.
Le féminisme n’a pas de couleur, pas de statut social, pas d’orientation sexuelle,… Il appartient à toutes et tous alors c’est ensemble que nous pourrons faire bouger les choses.
Pour un féminisme inclusif et intersectionnel.
Gulîstan Özer