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PRESSE. La région autonome kurde d’Irak est un enfer pour les journalistes indépendants

 

KURDISTAN DU SUD – Autrefois considéré comme une havre de liberté de la presse et la liberté d’expression dans un Moyen-Orient à feu et à sang, la région autonome kurde d’Irak a sombré dans la terreur étatique ces dernières années. Plus aucune critique des clans Barzanî (PDK) et Talabanî (UPK) dirigeant le Kurdistan du Sud n’est tolérée. Les journalistes qui ne respectent pas cette règle et qui dénoncent la corruption ou d’autres délits impliquant ces clans sont menacés de prison, torture, ou la mort.    
 
C’est dans ce climat de terreur qu’hier, les journalistes* kurdes Sherwan Sherwani, Guhdar Zebari et Ayaz Karam ont été condamnés à 6 ans de prison par le tribunal d’Erbil pour «atteinte à la sécurité nationale». Sherwani était notamment accusé d’ « avoir travaillé pour l’Iran et avoir surveillé secrètement les mouvements de Masoud Barzani ».
 
Les photographes qui étaient présents au procès des journalistes ont déclaré qu’ils ont été menacés par les autorités pour qu’ils ne publient pas les photos prises lors du procès. Le photographe qui a pris cette photo n’ose pas révéler son identité pour ne pas finir comme Sherwan Sherwani, Guhdar Zebari et Ayaz Karam.
 
Le journaliste Rebaz Majeed dit avoir du mal à trouver des photos pour illustrer son article au sujet de la condamnation des journalistes à publier sur le journal VOA car les photographes ont vraiment peur des clans Barzanî et Talabanî accusés de se comporter comme des parrains mafieux sans foi ni loi.
 
Les autorités kurdes d’Irak sont régulièrement critiquées par les ONG de défense des droits humains et celles de protection des travailleurs de la presse.

Reporters sans frontière (RSF) rappelait hier que:

« Deux autres journalistes sont actuellement détenus au Kurdistan irakien. Omed Baroshki a été arrêté le 18 août et Qahraman Shukri a été arrêté à domicile le 27 janvier pour des motifs inconnus, après avoir critiqué en ligne la répression politique menée par le KRG. Qahraman Shukri est le fils de Shukri Zaynadin, un journaliste décédé dans des circonstances encore inexpliquées à la fin de 2016. Son fils insiste sur le fait qu’il a été victime d’un «meurtre politique», ajoutant que: « L’Irak [dont le Kurdistan irakien] est classé 162e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF. »
 
*Sherwan Sherwani a été arrêté le 7 octobre tandis que Guhdar Zebari et Ayaz Karam ont été arrêtés le 22 octobre après des publications sur les réseaux sociaux faisant écho aux revendications et plaintes des manifestants, y compris des plaintes concernant des retards dans le paiement des salaires des employés de l’État et des allégations de corruption du gouvernement.