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IRAN. Poursuites judiciaires contre les membres d’un groupe de musique féminin kurde

IRAN / ROJHILAT – Les musiciennes du groupe féminin kurde « Glaris » ont été arrêtées à Kirmanchah par le régime iranien qui les a relâchées jusqu’à la fin de leur procès intenté pour des «comportements contraires aux mœurs» suite, entre autres, à des clips vidéos publiées par le groupe.
 
Le bureau du procureur de Kermanshah (Kirmaşan) a intenté une action en justice contre cinq membres du groupe de musique féminin kurde Glaris en raison de leur performance conjointe avec une chanteuse et de la publication de clips vidéo de la performance en ligne.
Les membres du groupe avaient auparavant été convoquées par la «police des mœurs» islamique de la ville pour une raison similaire et interrogées sur leurs activités artistiques après avoir publié des vidéos d’une chanteuse interprétant une chanson.

Une source fiable à Kirmanchah a déclaré: « La musicienne principale du groupe de musique Glaris, Elham Yazdanipour, ainsi que les quatre autres membres, Samira Farahnaki, Nastaran Yazdanipour, Nazanin Atabaki et Malihe Moradi ont été informées des accusations intentées contre elles, dans l’un des bureaux du procureur de Kermanshah, en raison de leur performance conjointe avec une chanteuse. »

Selon cette source, avant l’interrogatoire mentionné et après la sortie d’un clip vidéo de ce groupe à l’occasion de la nuit de Yalda, tous les membres du groupe de musique Glaris ont été convoquées deux fois par téléphone au commissariat de «police des mœurs» islamique de Kermanshah. Les processus d’interrogation et d’enquête les ont obligées à s’engager par écrit à ne pas utiliser de chanteuses dans leurs performances et vidéoclips.

Évoquant l’interdiction du chant des femmes et les restrictions en Iran sur les activités des femmes dans le domaine de l’art et de la musique, Mme Fatemeh Karimi, directrice du Kurdistan Human Rights Network, a déclaré: « Outre les barrières de la tradition et de la normalité dans la société, qui sont des obstacles importants à la manière dont les femmes chantent et se tournent vers la musique, les lois et les politiques de la République islamique [d’Iran] sont les obstacles principaux et les plus sérieux pour les femmes dans ce domaine. Selon la loi iranienne, les concerts donnés par des chanteuses ne sont autorisés que pour le public féminin et les chanteuses ne peuvent se produire que comme choristes de renfort lors de concerts publics pour chanteurs masculins. (…) La délivrance d’une autorisation pour des concerts de chanteuses pour un public féminin dans des villes autres que Téhéran est soumise à beaucoup plus de restrictions et d’obstacles. »

Mme Karimi, chercheuse spécialisée dans les questions féminines, a en outre souligné que le Ministère de la culture et de l’orientation islamique est chargé de superviser les productions artistiques et musicales. Karimi a déclaré que la convocation des membres du groupe Glaris par la «police des mœurs» islamique était conforme à la sensibilité du gouvernement aux activités artistiques et à ses efforts pour empêcher les femmes de chanter. Elle a ajouté: «En appliquant des lois non écrites et en citant les fatwas des références religieuses chiites, les autorités de la République islamique [d’Iran] veulent empêcher les femmes de se produire en solo et arrêter leurs activités artistiques sous forme de concerts et de production de clips vidéo. Cependant, [les] femmes n’ont ni succombé aux coutumes sociales patriarcales, ni cédées aux politiques sexistes de la République islamique. Et malgré divers obstacles, elles sont entrées dans le domaine du chant. Le nombre de ces femmes a augmenté ces dernières années, en particulier au Kurdistan.»

Le groupe de musique féminin Glaris a été formé en 2017 dans la ville de Kermanshah et a réalisé divers concerts dans différentes villes ainsi que dans la région du Kurdistan irakien. L’année dernière, le groupe a refusé une invitation d’une chaîne de télévision turque car elle coïncidait avec l’offensive militaire turque contre le Kurdistan de Syrie, également connue sous le nom de Rojava.