SYRIE / ROJAVA – Alors que le nouveau Président des Etats-Unis, Joe Biden s’apprête à prendre les rênes du pays, les Kurdes du Rojava – surtout ceux de la région d’Ain Issa, près de la route internationale M4 – sont victimes d’attaques répétées de la Turquie et de ses mercenaires alliés. De nombreux analystes prédisent une nouvelle invasion turque avant l’arrivée de Biden car l’État turc craint ne pas pouvoir agir au Rojava avec autant de liberté qu’il avait sous la présidence de Donald Trump.
Biden devrait pousser la Turquie à tolérer les Kurdes syriens
Après l’invasion par la Turquie des régions d’Afrin en 2018, de Serê Kanîyê en 2019, et le nettoyage ethnique des Kurdes de ces régions, on doute que les Kurdes hésitent encore longtemps devant les attaques turques. Plutôt que d’accepter une invasion totale de la région par la Turquie, ils risquent de se retourner vers le dirigeant syrien Bachar al-Assad, au grand dam des Etats-Unis qui n’auront plus d’emprise en Syrie. Alors, les Américains feront tout pour que la Turquie mette de côté sa haine de Kurdes, au moins en Syrie (elle a carte blanche au Kurdistan irakien et dans le Kurdistan turc), uniquement pour ne pas saboter les plans américains en Syrie. Autrement, les Kurdes préféreraient laisser leurs terres à Assad plutôt qu’à Erdogan.
Est-ce la fin de la révolution du Rojava ?
De plus en plus de voix s’élèvent à travers les cercles de gauche dans le monde pour dire que la révolution du Rojava est sur le point d’être liquidée par les puissances internationales présentes en Syrien, à savoir les Etats-Unis et la Russie, en laissant la Turquie et les groupes mercenaires attaquer les Kurdes du Rojava, pour leur faire accepter de force pour qu’ils s’alignent sur une ligne plus libérale que révolutionnaire. Après plusieurs années de guerre, les Kurdes ont sacrifié leurs enfants par milliers pour pouvoir vivre libres sur leurs terres et tant qu’à faire dans un modèle politique révolutionnaire unique au monde en prenant comme base l’égalité homme/femme, la protection de l’environnement, le féminisme, le pluralisme ethnique et confessionnel, ainsi que le communalisme à travers les coopératifs et autres initiatives qui sortent des sentiers battus du capitalisme. Mais on craint que ce modèle ne tienne plus pour longtemps, tant ses ennemis sont nombreux et unis…