TURQUIE / BAKUR – Depuis plusieurs jours, le régime turc arrête des journalistes kurdes quotidiennement dans le cadre d’attaques visant les militants de la cause kurde. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé les autorités turques à « cesser de harceler les journalistes de l’agence de presse Mezopotamya ».
Une nouvelle vague d’arrestations de journalistes kurdes a été lancée par le régime turque depuis 20 novembre. En une semaine, on assisté à l’arrestation de plusieurs journalistes des agences kurdes Mezopotamya et JINNEWS à travers tout le pays. En effet, plusieurs journalistes ont été arrêtés à Amed, Van, Istanbul, Ankara…
Ce matin, Hakan Yalçın, correspondant de l’agence de presse Mezopotamya, a été arrêté après une perquisition à son domicile à Ankara.
Éliminer les témoins des crimes de guerre visant les Kurdes
Les attaques visant l’agence de presse Mezopotamya (MA) à Van se sont intensifiées depuis la révélation des actes de torture infligés par l’armée turque à deux villageois kurdes, Servet Turgut et Osman Siban. Ces derniers avaient été arrêtés le 11 septembre par l’armée turque, torturés et jetés d’un hélicoptère. Peu après, Servet Turgut est décédé de ses blessures.
Adnan Bilen et Cemil Uğur, correspondants de MA, ainsi que Şehbiran Abi et Nazan Sala, journalistes de l’agence de presse féminine Jinnews, ont été arrêtés le 9 octobre et incarcérés.
Le 24 novembre, la police turque a arrêté le journaliste Dindar Karataş à son domicile dans la ville de Van, puis l’a emmené au bureau local de son employeur, l’agence de presse kurde Mezopotamya. Le journaliste kurde est accusé d’ « être membre d’une organisation terroriste ». (Actuellement, il est placé en cellule d’isolement en raison de l’épidémie de coronavirus.)
Lors de leur perquisition dans la salle de rédaction, la police a confisqué des lettres envoyées à Karataş, l’ordinateur portable du journaliste, un autre ordinateur portable appartenant au bureau et trois disques durs.
Auparavant, le 6 octobre, la police avait fait une descente dans le même bureau et arrêté les journalistes Adnan Bilen et Cemil Uğur.
Actuellement, des dizaines de journalistes kurdes sont en prison en Turquie pour avoir informé le public sur les violations des droits et les crimes commis par l’Etat turc au Kurdistan. Ils sont tous accusés d' »être membre d’une organisation terroriste » ou de « faire de la propagande terroriste » ! Ainsi, le régime turc veut neutraliser ces journalistes qui sont les témoins des crimes de guerre et autres violations visant le peuple kurde en Turquie.
CPJ: Les autorités turques doivent cesser de harceler les journalistes de l’agence de presse Mezopotamya
«Les autorités turques doivent cesser de détenir des journalistes à l’agence de presse Mezopotamya et les laisser travailler librement et en toute sécurité», a déclaré le 24 novembre Gulnoza Said, coordinatrice du programme Europe et Asie centrale du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), à New York. «Le journaliste Dindar Karataş et tous les autres journalistes récemment arrêtés à Van devraient être libérés sans délai, tout équipement confisqué devrait être restitué et les autorités devraient cesser d’employer de telles tactiques pour harceler et obstruer la presse.»