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TURQUIE. Il y a 4 ans, Erdogan ordonnait un coup d’Etat contre le HDP

TURQUIE / BAKUR – Le 4 novembre 2016, l’État turc a lancé un coup d’État contre la volonté du peuple kurde, en arrêtant des députés du parti HDP, dont les co-présidents Figen Yükseksağ et Selahattin Demirtaş, dans une série de raids à travers la Turquie et le Kurdistan du Nord.
 
En moins de 3 ans après sa création, le Parti Démocratiques des Peuples (HDP) avait réussi à dépassé le seuil de 10% pour entrer au parlement turc avec de nombreux députés kurdes lors des élections de juin 2015. Cette victoire fut une défaite cuisante pour le parti (AKP) du premier ministre de l’époque Recep Tayyip Erdogan qui venait de perdre la majorité au parlement pour la première fois de son existence.
 
Depuis, le régime turc d’Erdogan livre une guerre sans merci contre le HDP qui a vu des milliers de ses membres, dont des députés et des élus municipaux arrêtés, des meetings et des bureaux du partis attaqués, parfois mortellement comme on l’a vu avec les attentats sanglants à Amed (Diyarbakir) et à Ankara en 2015…
 
La criminalisation du HDP n’a pas permis à Erdogan de regagner la confiance des électeurs de la Turquie où il a fini par imposer un système présidentiel sans contre-pouvoir réel, héritant le titre du « sultan despotique » de la part de ses opposants. Tandis que le HDP a montré qu’il était la seule voie possible pour emmener la Turquie vers la démocratie, l’égalité homme/femme et la reconnaissance des droits des kurdes et des autres minorités ethniques et religieuses du pays menacés de disparition car non reconnues, voire, attaquées par le pouvoir turc qui promeut le panturquisme et le panislamisme, à travers le nationalisme, le racisme et le sexisme.
 
Le HDP est le seul parti démocratique qui joue un rôle clé pour mettre fin aux politiques bellicistes du président Erdogan qui est soutenu par le parti de l’extrême-droite MHP et le parti nationaliste CHP dans ses guerres contre les pays voisins, dont la Syrie, le Rojava, le Bashur, la Libye…
 
Depuis 2015, plus de 16 000 membres du HDP ont été détenus, 6 000 ont été emprisonnés ainsi que 200 élus et 7 députés.
 
Le gouvernement turc a jusqu’à présent nommé 51 administrateurs en lieu et place des maires du HDP élus en mars 2019. En outre, 6 maires qui avaient remporté les élections de 2019 se sont vu refuser leur mandat sous prétexte qu’ils avaient antérieurement été démis de leurs fonctions par des décrets-lois pris sous le régime d’état d’urgence. Jusqu’à présent, 36 co-maires du HDP élus en 2019 ont été emprisonnés. Parmi eux, 16 sont toujours derrière les barreaux. Les poursuites contre les personnes libérées sont toujours en cours. En l’état actuel du système judiciaire turc, tous ces maires risquent d’être condamnés à des peines de prison. En outre, plus de 20 des plus de 80 maires kurdes arrêtés lors de la précédente mandature (2014-2019) sont toujours en prison.
C’est dans un tel climat de guerre et de haine que les Kurdes de Turquie et les forces démocratiques de gauche réunis au sein du HDP tentent de sauver le pays des mains d’un président despotique qui étouffe les aspirations de son peuple qui sombre par ailleurs dans la pauvreté.