URFA – Le procès de la prisonnière de guerre Çiçek Kobanê s’est poursuivi mardi devant le 5e tribunal pénal de la province d’Urfa. La jeune femme kurde, membre des YPJ, est accusée de « perturber l’unité et l’intégrité de la Turquie », d’ « appartenir à une organisation terroriste armée » et de « tentative de meurtre délibérée » alors qu’elle a été kidnappée au Rojava qui a été envahi par la Turquie.
Çiçek Kobanê a été capturée en octobre 2019 à Ain Issa, dans le nord de la Syrie, par les gangs djihadiste d’Ahrar al-Sham, qui fait partie des troupes djihadistes de la Turquie rassemblées sous le nom d’ «armée nationale syrienne» (ASL), et a participé à l’invasion du Rojava aux côtés des forces turques.
La combattante kurde des Unités de défense des femmes (YPJ) Dozgin Temo (Çiçek Kobanê) a été blessée et est tombée entre les mains des gangs djihadistes d’Ahrar al-Sham / Darat Izza, dans le village de Mishrefa, près d’Ain Issa (Serê Kaniyê) le 21 octobre 2019. Les terroristes ont partagé des photos et des vidéos de la capture de Çiçek Kobanê sur les réseaux sociaux, dans lesquelles ils ont annoncé que la combattante serait exécutée. Ce n’est qu’après les protestations internationales qu’elle a été emmenée illégalement en Turquie.
Au tribunal, Çiçek Kobanê a de nouveau rejeté les accusations douteuses portées contre elle. Elle a répété la déclaration qu’elle avait faite au début du procès, selon laquelle, au moment de sa capture dans le nord de la Syrie, elle ne participait pas à une action armée mais portait une aide humanitaire à la population civile. Pour la première fois, elle a également commenté les antécédents de ses blessures et a déclaré qu’elle avait reçu deux balles à la jambe après avoir été blessée lors de sa capture. Avant son transfert au centre de détention d’Urfa, Kobanê a subi une opération chirurgicale. L’opération a manifestement échoué, car elle n’a pas été capable de se lever seule et de prendre soin d’elle-même depuis. Ce ne serait pas la première fois que des opérations médicales sur des prisonniers kurdes seraient délibérément bâclées.
L’avocate de Çiçek Kobanê, Hidayet Enmek, a déclaré au tribunal qu’il n’y avait pas un seul élément de preuve pour étayer les accusations portées contre sa cliente. Seule une transcription de sa déclaration faisait partie des preuves. En outre, l’avocate a de nouveau critiqué le fait que l’on ne savait toujours pas qui avait « arrêté » Kobanê et comment l’arrestation avait eu lieu. « L’acte d’accusation n’indique pas non plus de quelle manière elle a été blessée », a déclaré Enmek, et a demandé au tribunal de demander les documents pertinents à la police militaire compétente. Les juges ont accepté la demande et ont ajourné le procès. Le procès se poursuivra le 22 septembre prochaine.