SYRIE / ROJAVA – De violents affrontements ont éclaté à Afrin entre les mercenaires de la division al-Hamza et les factions de la Ghouta orientale dans la ville d’Afrin occupée par la Turquie, faisant au moins trois morts parmi les civils.
Des sources locales ont signalé que la « Police militaire » et des éléments armés de la Ghouta orientale avaient pris d’assaut l’un des quartiers généraux de la faction de la brigade Al-Hamza dans la ville d’Afrin et y avaient trouvé une prison dans laquelle 11 femmes, dont 10 Kurdes, étaient détenues. Au moins cinq de ces femmes auraient été découvertes nues.
Les combats entre les gangs terroristes auraient commencé après qu’un groupe de terroristes d’Hamza a pénétré dans une boutique à Afrin dirigée par un homme originaire de la Ghouta orientale, une ville située à 10 km de Damas.
Les gangs d’al-Hamza auraient demandé à acheter quelque chose à 300 lires (quelques centimes d’euros) à crédit. Le propriétaire du magasin ayant refusé, les terroristes d’al-Hamza auraient ouvert le feu sur la boutique et lancé une grenade , tuant le propriétaire du magasin et son fils.
En conséquence, de nouveaux affrontements ont éclaté entre la division Hamza et les terroristes de Jaysh al-Islam, une faction de la Ghouta orientale qui a été amenée à Afrin par la Turquie.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), trois civils ont été tués, dont deux enfants, ainsi qu’un nombre inconnu de combattants. Six civils, dont trois femmes, ont également été blessés.
En outre, que 11 femmes détenues, dont 10 kurdes, ont été trouvées dans un centre de détention de la division Hamza après que Jaysh al-Islam ait incendié leur établissement et que la soi-disant « police militaire » y soit entrée.
Les détenues ne sont accusées d’aucun crime et la faction a nié les avoir détenues.. Parfois, ces enlèvements ont pour but d’obtenir une rançon de la part des proches. Les femmes détenues sont souvent violées.
Depuis l’occupation d’Afrin en mars 2018, les groupes islamistes soutenus par la Turquie ont commis de multiples crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, visant notamment les femmes et des adolescentes d’Afrin, y compris des viols et des « mariages » forcés.
Azad Diwani, un universitaire et chercheur basé au Royaume-Uni, a déclaré au Kurdistan 24 que l’affrontement était le résultat de l’animosité entre le Hamza et les colons arabes de Damas que la Turquie a amené à Afrin dans le cadre d’un programme de nettoyage ethnique anti-kurde qu’elle mène depuis qu’elle a occupé Afrin en mars 2018.
« Le MIT (service de renseignement) turc et les Loups gris turcs ont déjà donné carte blanche à certains gangs terroristes, dont Al-Hamza et le groupe turc du sultan Murad, pour qu’ils servent de pions de sécurité à Afrin. Ces groupes sont également chargés par le MIT turc et les Loups gris de perpétrer des crimes odieux contre les Kurdes afin de les forcer à quitter leur patrie », a-t-il déclaré.
« Cependant, dans plusieurs cas où les victimes n’étaient pas kurdes, les gangs terroristes soutenus par la Turquie ont été confrontés aux milices arabes auxquelles les victimes étaient liées ».
Il a déclaré que le fait que Jaish al-Islam ait pu rapidement s’emparer du quartier général du groupe à Afrin est très probablement dû au fait que nombre de ses combattants sont allés combattre en Libye avec l’Armée nationale libyenne (LNA) soutenue par la Turquie contre le commandant libyen Khalifa Haftar.
« Al-Hamza, le sultan Murad et d’autres gangs djihadistes y sont envoyés, et les djihadistes d’Al-Hamza à Afrin et dans d’autres régions sous occupation turque reçoivent actuellement davantage de demandes et d’instructions pour rejoindre le djihad en Libye. Cette faiblesse pourrait être liée aux fait que la Turquie force certains djihadistes comme ceux d’Al-Hamza et d’Al-Sharqyya à se rendre en Libye ».
Bassam al-Ahmad, le directeur exécutif de « Les Syriens pour la vérité et la justice », a déclaré au Kurdistan 24 qu’il est de la responsabilité de la Turquie d’agir en réponse aux violations des droits de l’Homme, « puisqu’il s’agit d’une puissance d’occupation selon de nombreuses organisations des droits de l’homme comme Amnesty et le Centre de justice et de responsabilité de Syrie (SJAC). L’impunité des crimes de guerre a conduit ces groupes à faire la même chose que le régime a fait contre les Syriens ».
« Ils se sentent protégés par la Turquie. Malheureusement, de nombreux gouvernements et ONG internationales essaient de ne pas voir ce qui se passe à Afrin. Cette question devrait être clairement abordée lors de la prochaine conférence de Bruxelles, car ils sont responsables de centaines de violations depuis l’occupation. »
Saif Abu Bakr, commandant des forces spéciales dans la division Hamza et ancien membre de de DAECH / ISIS, s’est également excusé auprès des habitants de la Ghouta sur les médias sociaux.
« Au peuple et aux frères et fils et révolutionnaires de l’est de la Ghouta, en mon nom et au nom de la division Hamza, nous vous présentons nos plus sincères condoléances pour les parents des victimes et nous affirmons notre rejet de toute attaque qui vous affecte. »
Il a promis que le groupe prendrait les mesures nécessaires pour arrêter les combattants qui ont causé l’incident.
Dans une déclaration séparée, la division Hamza a également condamné la violence et a promis d’ouvrir « une enquête » puis de livrer les auteurs de violence à la police militaire.
La ville d’Afrin a connu des affrontements violents entre la division Hamzat d’une part, et les éléments Ahrar al-Sham de Ghouta orientale, avec l’arrivée de renforts pour les deux parties, tandis que les factions fidèles à la Turquie ont coupé les routes vers Afrin et empêché leur sortie.
Dans ce contexte, les terroristes de Ghouta, du mouvement Ahrar Al-Sham, de l’Armée de l’Islam et de la première division, en coopération avec d’autres hommes armés, ont réussi à contrôler l’un des quartiers généraux de la division Al-Hamzat et à arrêter ses membres. Ils ont également déployé des hommes armés et imposé un siège à plusieurs quartiers généraux de la division Al-Hamzat dans la région.
L’attaque turque et l’occupation de la ville d’Afrin en mars 2018 ont provoqué la pire crise humanitaire en Syrie, tuant et blessant près d’un millier de civils et déplacé plus de 300 mille personnes, dont la plupart résident dans des camps privés de tout dans la campagne d’Alep et ont encore besoin d’une aide humanitaire, c’est-à-dire que plus de 80% de la population d’Afrin est devenue réfugiée tandis que la Turquie a installé les déplacés de la campagne de la Ghouta orientale, d’Hama et d’Homs à Afrin à la palce des populations autochtones.