AccueilKurdistanBakurHommage au leader kurde Ihsan Nuri, l' "aigle d'Ararat"

Hommage au leader kurde Ihsan Nuri, l’ « aigle d’Ararat »

Le 21 mai 1892 naissait Ihsan Nuri, politicien et officier kurde qui a co-dirigé la rébellion d’Ararat.
 
« Repose en paix, ô l’aigle d’Ararat ! Parce que Dieu a créé l’humanité de la terre et les Kurdes du feu, et nous savons que le feu est éternel et puissant, » l’historien kurde, Sedat Ulugana.
 
Ihsan Nuri, également connu sous le nom d’Ihsan Nuri Pacha était un militaire et un politicien kurde, ancien officier de l’armée ottomane, et l’un des généraux des forces kurdes lors de la rébellion d’Ararat entre 1927 et 1930.
 
Ihsan Nuri est né à Bitlis. Il appartenait à une branche de la tribu Jalali. En 1910, il a obtenu son diplôme de lieutenant et a rejoint l’armée ottomane. Il a participé aux opérations de contre-insurrection en Albanie. Puis il a été envoyé au Yémen où il a servi pendant 33 mois. A son retour du Yémen, il est nommé aide de camp du 93e régiment d’infanterie ottoman et est envoyé à Beyzon. Au début de la Première Guerre mondiale, il est blessé à Nerman et est renvoyé dans la zone arrière pour y être soigné. Sur le chemin d’Erzincan, il souffre de gelures près de Karaburun. Après avoir été soigné à Erzincan, il est affecté à la neuvième armée ottomane, puis nommé membre du comité d’administration d’Ozurgeti en Géorgie, brièvement occupée par les troupes turques pendant la campagne du Caucase de 1918 et sert comme commandant de la gendarmerie mobile de la ville. Après la Première Guerre mondiale, il prend contact avec la Société pour la Révolution du Kurdistan. Il écrit un article sur les Quatorze Points de Woodrow Wilson, qui sera publié le 30 mars 1919 dans la revue kurde Jîn [vie]. A son arrivée à Trabzon, Rushdi Bey, qui était le commandant de la 9e division caucasienne, l’envoie à Bakou pour rencontrer les autorités de l’Armée rouge, puis il soutient la rébellion de Sheikh Said en 1925 et plus tard celle d’Ararat.
 
République d’Ararat
 
Les nationalistes kurdes se sont réunis en octobre 1927 et ont non seulement proclamé l’indépendance du Kurdistan, mais ont également formé le Xoybûn* ou Khoybûn (Indépendance ou être soi-même), un organe national suprême avec des pouvoirs nationaux et internationaux complets et exclusifs. De nombreux Arméniens ont également rejoint le mouvement Xoybûn.
 
Conscient de la nécessité d’une structure militaire appropriée, Xoybûn a promu Ihsan Nuri au rang de général (pacha) et l’a nommé commandant en chef de l’armée nationale kurde. Ihsan Nuri, en plus d’être un ancien membre kurde des Jeunes Turcs, a montré son allégeance à la cause kurde lorsqu’il a dirigé la mutinerie au sein de l’armée turque avant la rébellion de Sheikh Said.
 
En octobre 1927, Ihsan Nuri a réuni un petit groupe de soldats armés d’armes modernes et formés aux tactiques de l’infanterie. Cette force a initié la révolte de Xoybûn, marchant vers le Mont Ararat. Ihsan Nuri et ses hommes réussirent non seulement à atteindre le Mont Ararat, mais ils réussirent à sécuriser les villes de Bitlis, les provinces de Van, et la plupart des campagnes autour du lac de Van, établissant ainsi une zone notable de résistance kurde.
 
Le 28 octobre 1927, la République indépendante kurde de l’Ararat est proclamée par un gouvernement provisoire, présidé par Ibrahim Pasha Heski Tello, un ancien officier qui a déjà participé à la révolte du Cheikh Saïd, puis à un premier soulèvement de l’Ararat en 1926. La plupart des tribus kurdes de la région, dont la puissante et nombreuse tribu des Djelalî, à laquelle appartient Ibrahim Pasha Heski Tello, s’y rallient. La République de l’Ararat n’obtient pas de reconnaissance étatique, mais obtient immédiatement le soutien du mouvement patriotique arménien du Tashnaq. De plus, le gouvernement provisoire kurde obtient du gouvernement d’Ankara le retour dans leur foyer des chefs Kurdes exilés. Certains d’entre eux rejoignent la révolte, tandis que d’autres préfèrent se réfugier en Syrie
 
À la fin de l’été 1930, les forces aériennes turques bombardent les positions kurdes autour du mont Ararat de toutes les directions. Selon le général Ihsan Nuri, la supériorité militaire des forces aériennes turques a démoralisé les Kurdes et a conduit à leur capitulation.
 
Mort en exil à Téhéran
 
En 1930, İhsan Nuri est arrivé comme réfugié à Téhéran. Le gouvernement iranien a restreint ses déplacements pendant ses années à Téhéran. Durant l’été 1976, il a été blessé, heurté par une moto devant sa maison un matin. Il a été transporté à l’hôpital où il est mort de ses blessures dans la journée. Le coupable conduisant la moto qui l’a heurté n’a jamais été identifié ni appréhendé.
İhsan Nuri et son épouse Yashar 
*La ligue Khoybûn
 
En 1927, au Liban, des intellectuels nationalistes kurdes, menés notamment par Celadet Bedirxan (1893-1951), Sureya Bedirxan (1883-1938) et Osman Sabri (1905-1993), fondent la ligue Khoybûn. La ligue se donne pour but, en tirant les leçons de l’échec des révoltes kurdes comme celle du Cheikh Saïd de Pîran (1925), d’organiser un soulèvement kurde unitaire, qui se donne pour objectif de fédérer toutes les tribus et tous les groupes sociaux de la nation kurde. Cette nouvelle organisation kurde est novatrice dans sa forme et dans ses idées. Elle matérialise véritablement une unification entre d’une part, une intelligentsia occidentalisée et d’autre part, les représentants du monde traditionnel kurde. En effet, des intellectuels, ex-officiers ottomans, aghas, cheikhs et chefs de tribus se côtoient au sein du Khoybûn et élaborent une nouvelle syntaxe nationaliste commune afin de lutter contre la Turquie kémaliste. Le Khoybûn se dote d’un programme pan-kurdiste et parvient à créer des branches en Irak et notamment à Sulaimaniya.